lundi 25 novembre 2013

La vérité comme enjeu

Que se passe t-il en Syrie depuis trois ans ? Selon les médias de l’Otan et du CCG, le « régime » y réprime dans le sang une révolution démocratique. Toutefois cette version est contredite par le soutien actuel au gouvernement estimé, selon les sources, entre 60 et 90 % de la population. La vérité est toute autre : l’Otan et le CCG ont perdu successivement une guerre de 4ème génération et une guerre de type nicaraguayen. Ce sont eux, et eux seuls, qui ont organisé et financé la mort de 120 000 Syriens.





L’un des enjeux de la préparation de la conférence de Genève est d’écrire l’histoire de la Syrie. Les puissances de l’Otan et du Conseil de coopération du Golfe tentent d’imposer leur version des événements ce qui leur donnerait un net avantage à la table des négociations. D’où, soudain, une avalanche d’articles et de reportages récapitulatifs dans la presse occidentale et du Golfe.
Les Occidentaux et le CCG affirment que la crise syrienne se situe dans le prolongement du « printemps arabe ». Le « régime de Bachar » aurait réprimé dans le sang l’aspiration de son peuple à la démocratie. L’Otan et le CCG seraient alors intervenus pour protéger la population civile.
La réalité est toute autre : les États-Unis ont planifié la destruction de la Syrie lors d’une réunion, le 15 septembre 2001, à Camp David. Ils ont commencé à la préparer en adoptant le Syria Accountibility Act, le 12 décembre 2003. Ils ont tenté de précipiter la Syrie dans la guerre d’abord en faisant adopter la résolution 1559 du Conseil de sécurité, puis en assassinant l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri et en accusant nommément le président el-Assad de l’avoir ordonné. Ayant échoué ce scénario, ils ont sous-traité la guerre au Royaume-Uni et à la France qui s’y sont préparés par le Traité de Lancaster, le 2 novembre 2010. Le signal du lancement des opérations a été donné par les États-Unis, depuis Le Caire, début février 2011.

Février 2011-juillet 2012 : la guerre de 4ème génération

À partir de cette date et durant 15 mois, l’Otan et le CCG ont lancé une guerre de 4ème génération, entièrement basée sur leur domination des grands médias. Ils ont fait croire au monde, y compris aux Syriens, que le pays entier s’était soulevé, alors que les plus importantes manifestations n’ont pas excédé 5 000 personnes. Grâce à des snipers et à des commandos, ils ont fait croire à une répression sanglante. Cependant, en mars-avril 2012, après la chute de l’Émirat islamique de Baba Amr, Nicolas Sarkozy négociait le retrait de la France, tandis qu’en mai les Syriens commençaient à douter des reportages d’Al-Jazeera, et qu’en juin Washington acceptait sa défaite lors de la Conférence de Genève.
Durant cette période, les combattants étaient soit des takfiristes syriens (dont 3 000 furent faits prisonniers à Baba Amr), soit des professionnels étrangers, surtout les membres libyens d’Al-Qaïda commandés par Abdelhakim Belhaj. Ensemble, ils formaient l’Armée syrienne libre, encadrée par des officiers britanniques et français, et disposant de l’assistance logistique de la Turquie.

Juillet 2012-août 2013 : la guerre nicaraguayenne

L’élection de François Hollande à la présidence française et la nomination du sioniste Laurent Fabius au ministère des Affaires étrangères a relancé la guerre. S’appuyant sur la CIA du général David Petraeus et sur le savoir-faire de l’ambassadeur Robert S. Ford (ancien assistant de John Negroponte), la France lançait le signal d’une nouvelle guerre, de type nicaraguayen cette fois, en réunissant à Paris les « Amis de la Syrie », le 6 juillet 2012. Deux semaines plus tard, un méga-attentat décapitait les armées en assassinant les membres du Conseil national de sécurité. Immédiatement 40 000 jihadistes étrangers, appuyés de quelques milliers de Syriens et encadrés par des officiers français et britanniques, se lançaient à l’assaut de Damas. Ce fut le moment de vérité. Les Syriens, jusque là très passifs, aidèrent leur armée à défendre la capitale et à repousser les envahisseurs. Il s’en suivit un an d’une guerre cruelle et meurtrière qui fit plus de 100 000 martyrs.
Durant cette période, les États-Unis se tinrent en retrait, laissant leurs alliés faire le travail sur place. Tout au plus tentèrent-ils de peser sur le Qatar et l’Arabie saoudite pour limiter le poids des jihadistes et favoriser les mercenaires laïques. Des centres de recrutement furent ouverts en Tunisie ou en Afghanistan. Des ponts aériens furent organisés depuis la Libye ou le Yémen pour acheminer des dizaines de milliers de jihadistes qui venaient mourir en Syrie. Comme au Nicaragua, il se trouva des Syriens pour les soutenir, mais en définitive ils servirent plutôt à contrôler les « zones libérées » qu’à se battre face à face avec l’armée régulière.

D’août 2013 à aujourd’hui : l’échec de l’Otan

Constatant leur nouvel échec, les puissances de l’Otan et du CCG tentèrent de passer outre les vetos russes et chinois au Conseil de sécurité. En organisant un crime auquel elles donneraient une immense portée symbolique, elles justifieraient une intervention internationale pour protéger la population civile. De la sorte, elles pourraient en finir en bombardant le pays comme elles l’avaient fait en Libye.
L’attaque chimique de la ghoutta, le 21 août 2013, a été organisée par l’Otan. Les armes ont été acheminées depuis une caserne de l’armée turque jusqu’à Damas et les médias de guerre habituels ont été mobilisés pour faire de cet épisode un événement plus grave que tous les autres.
Mais le déploiement imprévu de la flotte russe au large des côtes méditerranéennes aurait contraint le Pentagone à donner l’attaque depuis la Mer Rouge en survolant la Jordanie et l’Arabie saoudite, c’est-à-dire en plongeant leurs alliés dans la guerre. Washington ayant renoncé à entrer dans un conflit régional, la diplomatie US s’attache depuis à préparer la conférence de Genève 2.

Genève 2

La conférence de Genève 2, qui se tiendra probablement fin janvier 2014, devra mettre un terme à trois ans de guerre. Selon la version que l’on retiendra des événements, la Syrie aura traversé une guerre civile ou elle sera sortie victorieuse d’une agression étrangère.
Ce sont les dirigeants occidentaux et du Golfe qui sont responsables de la guerre et qui portent la culpabilité de la mort de 120 000 Syriens et de dizaines de milliers de jihadistes.

Thierry Meyssan

samedi 9 novembre 2013

Rapport de la Croix-Rouge : La crise humanitaire en Europe



Le titre de l’introduction du nouveau rapport de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge plante le décor : « Cinq ans après – de mal en pis ». La situation humanitaire en Europe est plus qu’inquiétante. Par rapport à 2009, des millions de personnes supplémentaires doivent faire la queue pour se nourrir et n’ont pas de quoi acheter des médicaments, se faire soigner, se chauffer. Ce sont ces besoins qui doivent devenir les priorités des politiques. Sinon, la catastrophe ne peut qu’empirer.

« Par rapport à 2009, peut-on lire dans le rapport, des millions de personnes supplémentaires doivent faire la queue pour se nourrir et n’ont pas de quoi acheter des médicaments ou se faire soigner. » 3,5 millions d’européens ont ainsi reçu de l’aide alimentaire de la Croix-Rouge en 2012. Aujourd’hui, le rapport indique que 12 % des parents sondés ont avoué que leurs enfants devaient régulièrement se passer d’un des repas de la journée. En Espagne, 26,3 % des personnes ayant fait appel à l’aide de la Croix-Rouge ont moins de trois repas riches en protéines par semaine, et 43,2 % ne peuvent pas se permettre de se chauffer durant l’hiver.
Ces problèmes ont bien évidemment des conséquences importantes sur l’état de santé de la population. Celui-ci se détériore d’autant plus en raison des coupes dans les budgets des États : « Les conséquences des coupes dans les dépenses de santé se font durement sentir, un nombre croissant de personnes se tournant vers les dispensaires et les centres sociaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour obtenir un traitement ou une aide financière pour acheter des médicaments. »

Les travailleurs pauvres
La crise humanitaire européenne est là. La crise économique, mais aussi des mesures d’austérité, en sont responsables. Car, si, auparavant, l’aide d’urgence de la Croix-Rouge tendait à être réservée à des gens exclus de l’emploi et de la sécurité sociale, aujourd’hui, ni l’un ni l’autre ne sont garants d’un minimum de dignité.
Dans l’introduction du rapport, Anitta Underlin, directrice de la zone Europe de la Fédération, souligne l’émergence d’ « un nouveau groupe de personnes vulnérables, les travailleurs pauvres, qui demandent de l’aide à la Croix-Rouge et au Croissant-Rouge en fin de mois quand ils doivent faire un choix entre acheter de la nourriture ou payer leurs charges – avec le risque de voir l’électricité́ ou le gaz coupé s’ils ne peuvent pas payer ces services ou d’être expulsés s’ils ne peuvent pas rembourser leur prêt hypothécaire. » Un constat qui fait écho à ce que de nombreuses organisations dénoncent dans le cadre du fameux « modèle allemand » et de ses mini-jobs. 600 000 travailleurs allemands ont ainsi dû faire appel à de l’aide supplémentaire pour payer leurs factures en août 2012, selon la Croix-Rouge.
Quand à ceux qui n’ont même pas d’emploi, leur situation est également de plus en plus difficile : « Parmi les nouveaux groupes vulnérables figurent également les personnes qui ont perdu leur emploi et qui n’ont pas ou plus droit aux indemnités de chômage, les familles monoparentales, les retraités, les jeunes qui ne sont ni aux études ni au travail et les migrants en situation irrégulière. »

Les chômeurs belges durement touchés
Dans le rapport, un encadré est spécialement prévu pour la Belgique et le problème du chômage. Le témoignage de Sigrid, de Charleroi, est édifiant. Elle y raconte comment, d’une situation stable où elle et son mari avaient chacun un emploi, sa famille s’est retrouvée à devoir faire appel à l’aide de la Croix-Rouge pour boucler les fins de mois, notamment en achetant des denrées dans les magasins sociaux. « Nous pouvons acheter pour 44 euros chaque mois. Cela peut ne pas sembler beaucoup, mais cela me permet de joindre les deux bouts, d’acheter du lait, des langes, et d’autres choses qui sont très chères au prix plein, raconte Sigrid. Aujourd’hui, nous vivons au jour le jour, comptant chaque euro, et nous avons constamment peur que nos enfants tombent malades… »
Plus de 24 000 Belges font aujourd’hui appel à l’aide alimentaire de la Croix-Rouge. Nancy Ferroni, de la section belge de l’organisation, explique que les autorités envoient à la Croix-Rouge les gens dans le besoin, et que de plus en plus de chômeurs, retraités et étudiants bénéficient de leur aide. Elle pointe notamment le coût élevé de l’énergie, qui pousse de plus en plus de gens dans la précarité.
En regard de ces constats, les mesures du gouvernement Di Rupo qui touchent aux allocations de chômage semblent d’autant plus irresponsables.
En effet, 1 650 000 personnes — 15 % de la population — vivent sous le seuil de pauvreté dans notre pays. « En 2009, nous avons distribué 38 000 colis alimentaires. En 2012, c'est plus de 50 000. Il y a quelques années, le nombre d'épiceries sociales, qui répondent donc à des besoins, a largement augmenté. Aujourd'hui, on a 24 épiceries sociales rien que sur la Wallonie », explique Kathy Stinissen, qui dirige le département aide sociale de la Croix-Rouge.1


Par ailleurs, chez nous aussi, la santé se dégrade, et de plus en plus de personnes souffrent de dépressions et de troubles mentaux. En cause notamment, le coût des frais de santé. Kathy Stinissen : « C'est très lié évidemment, quand on se trouve dans un situation où l'on est d'une façon ou d'une autre, exclu de la société, on est potentiellement sujet à des problèmes de santé mentale. Et comme la plupart de ces gens n'ont pas les moyens de se soigner, leur situation peut se dégrader. »

Une réaction urgente est nécessaire
Face à une telle réalité, une réaction est nécessaire. Une réaction qui passe par la remise en question de la logique dominante du profit maximum. Celle-ci a mené à la crise, et n’a pu apporté, comme solution aux maux qu’elle a causé, qu’une spirale vers le bas. L’austérité, qui enfonce les populations européennes dans une crise humanitaire gravissime, vise à garantir le maintien d’un taux important de profit pour les grandes entreprises et les grands actionnaires. En Europe, aujourd’hui, des gens ont faim, ne peuvent plus se soigner, se chauffer, se loger… Ce sont ces besoins qui doivent devenir la priorité des politiques. Autrement, la catastrophe ne peut qu’empirer.
La Croix-Rouge met ainsi en évidence le lien entre la précarité croissante et la possible montée de la xénophobie. Laisser la misère s’installer et se généralise et s’en prendre aux migrants pour noyer le poisson, revient à mettre en place un terreau fertile pour les idées d’extrême droite. « Plusieurs Sociétés nationales (de la Croix-Rouge, NdlR) indiquent que les politiques publiques relatives aux migrants se sont durcies pendant la crise économique et que la mise en œuvre des lois existantes est problématique », indique le rapport. Maggie De Block, notre Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, en est un bon exemple. Sa politique inhumaine a fragilisé encore plus les migrants en Belgique, et contribue à alimenter une division malsaine entre Belges et étrangers.
Ailleurs en Europe, la situation a déjà atteint des proportions alarmantes. En Grèce les néonazis d’Aube Dorée rencontrent un succès croissant, et les ratonnades d’immigrés, de syndicalistes et de communistes, se sont multipliées. N’attendons pas d’en arriver là pour réagir.


vendredi 8 novembre 2013

Industrie chimique, sociétés de biotechnologies et géants du trading contrôlent la chaîne alimentaire mondiale




Une poignée d’entreprises de biotechnologies conçoivent la grande majorité des volailles et poissons d’élevage. D’autres, parfois les mêmes, maîtrisent le commerce international de céréales… Une concentration sans précédent. En cas de faillite, les filières alimentaires risquent-elles de s’effondrer comme les marchés financiers ?
Certes, vous êtes libres d’acheter le produit que vous souhaitez, généralement dans un supermarché. Mais savez-vous vraiment qui élabore vos menus ? Que le poulet en train de rôtir a toutes les chances d’avoir été conçu par le groupe franco-néerlandais Hendrix Genetics ou la firme allemande EW Gruppe ? Que le pain qui servira à accompagner le fromage a été pétri avec de la farine appartenant très probablement à l’une des dix firmes qui contrôlent le marché des céréales ? Et que le blé a été négocié par le groupe français Louis Dreyfus ou l’états-unien Cargill ?
Commençons par les semences, source de toute agriculture, qu’elle soit destinée à l’alimentation humaine ou animale. 75 % du marché mondial de semences est contrôlé par seulement… dix multinationales ! Leurs noms ? Monsanto (États-Unis, 26 % du marché mondial), DuPont (États-Unis, 18 %), Syngenta (Suisse, 9 %), Limagrain (France, 5 %), suivis d’une poignée d’autres firmes allemandes, états-uniennes ou japonaises.
Paradoxe de l’actuel modèle agricole : ce sont de grosses firmes de l’industrie chimique qui possèdent, de fait, une grande partie des semences échangées sur la planète ! Tels Monsanto, Syngenta, BASF, Bayer, DuPont et Dow Chemical. Ces six entreprises se partagent aussi les trois quarts du marché mondial de pesticides, estimé à 44 milliards de dollars en 2011. Car il faut bien accompagner la vente des semences de blé, de maïs, de riz ou de soja par des herbicides, insecticides et autres fongicides adaptés.
Les semences aux mains de l’industrie chimique
Cet oligopole de six entreprises agrochimiques possèdent également 75 % des budgets privés de recherche sur les croisements végétaux et… 100 % du marché des semences transgéniques, les OGM. « Avec leur entrée dans l’industrie des semences, les géants de la chimie ont commencé à produire des graines qui dépendent des produits chimiques », rappelle l’organisation indépendante britannique Econexus, qui regroupe des scientifiques et des citoyens [1].
D’un côté les semences, synonymes dans les esprits de biodiversité, de terroirs et de multiples variétés. De l’autre, une concentration sans précédent aux mains d’une poignée de firmes ! Car ces semences ne sont pas libres. Bien au contraire.
Top 10 des multinationales semencières

En Europe, cinq de ces firmes – Monsanto, DuPont, Syngenta, BASF et Bayer – détiennent la moitié des brevets sur les plantes, rapporte Econexus. Et désormais, la production et la vente des semences sont interdites sans l’accord de leur propriétaire. Ce qui entraîne une perte énorme de biodiversité cultivée. Et pas seulement en Europe. 3 000 variétés de riz étaient cultivées aux Philippines dans les années 1960. Il n’en reste plus que deux, sur 98 % de la superficie totale plantée !
Même la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation) s’en est inquiété : les trois-quarts de la biodiversité cultivée auraient disparu au cours du 20e siècle, alertait-elle [2].
Quatre « traders » détiennent les clés du placard à provisions planétaire
Voilà pour les semences, dont une partie sert à nourrir les animaux d’élevage. Car produire un kilogramme de viande nécessite trois kg de céréales et de soja. Dans l’alimentation animale, la concentration semble un peu moins marquée. Les dix plus gros fabricants de denrées pour bestiaux – dont le thaïlandais Charoen Pokphand suivi de l’états-unien Cargill – contrôlent 16 % du marché mondial. Mais tout dépend du type d’élevage. 90 % de la nourriture donnée au saumon (99 % du saumon consommé provient de l’élevage) est par exemple produite par seulement trois sociétés.
Il faut bien que céréales et soja voyagent sur les océans, que le blé européen alimente l’Amérique ou que le riz asiatique atteigne l’Afrique. Et là, une petite oligopole de quatre compagnies de « trading » se partagent 75 % du négoce mondial de céréales : les états-uniens Cargill, ADM (Archer Daniels Midland) et Bunge ainsi que le groupe français Louis Dreyfus, spécialisé dans le riz, le coton, le blé, le maïs, le sucre et le jus d’orange.
En 2004, ces quatre sociétés ont ainsi acheté 80 % de la récolte mondiale de soja, les trois quarts de la récolte de maïs, 62 % du blé… Elles détiennent de fait les clés du placard à provisions planétaire.
Une poignée de géants influence la génétique animale
Une fois les animaux bien engraissés, il faut bien qu’ils se reproduisent, avant d’être emmenés à l’abattoir. Une autre industrie a vu le jour, celle de « la génétique de l’élevage ». Après avoir développé un maïs hybride qui oblige l’agriculteur à racheter chaque année sa semence, la société américaine Pioneer s’est ainsi lancée dans le « poulet hybride » dès 1942. Des lignées de poulets sont développées, et les plus performantes sont croisées. Objectif : produire des poules pondeuses qui donnent beaucoup d’œufs ou des poulets à rôtir qui grossissent rapidement… L’éleveur devient dépendant de ces productives lignées de volailles. Pour chaque nouvelle génération de poulets ou de dindes, il doit s’approvisionner chez le sélectionneur.
Il ne reste aujourd’hui que quatre sélectionneurs dans le secteur du poulet, alors qu’ils étaient onze il y a vingt ans. Le groupe allemand Eric Wesjohann (EW Gruppe) est le leader mondial de la génétique dans le domaine des pondeuses, des poulets et des dindes avec le franco-néerlandais Hendrix Genetics (dont Sofipotréol, le groupe dirigé par Xavier Beulin, président de la FNSEA, est actionnaire).
Un autre groupe français, Grimaud, s’est engouffré dans le secteur et est aujourd’hui le deuxième sélectionneur de poulets et le premier en canard. Après vingt ans de rachat des plus petites firmes par les moyennes puis des moyennes par les plus grosses, en matière de génétique animale, la concentration est sans précédent : deux entreprises dans le secteur des poules pondeuses, quatre dans les poulets et trois dans les dindes ont la mainmise sur l’offre mondiale de volailles hybrides.
Qui contrôle les usines agroalimentaires ?
Autre problème : avec la concentration des entreprises de sélection, la variété des lignes d’élevage s’est considérablement réduite. Les animaux sont de plus en plus semblables génétiquement. Chez les bovins, il n’existe pas encore de lignées hybrides mais l’insémination artificielle, introduite dans les années 40, est très utilisée.
Selon l’organisation non gouvernementale ETC Group, un seul taureau d’élevage peut ainsi avoir jusqu’à un million de descendants ! La génétique animale a également attiré Monsanto qui possède une licence sur le génome porcin et a déposé de nombreuses demandes de brevets sur une méthode de sélection porcine assistée par marqueurs. En 2009, sa tentative de breveter des gènes d’une race allemande de porcs, lui permettant de toucher des royalties lors de toute utilisation de cette espèce dans des croisements, avait provoqué un tollé.
A l’autre bout de la filière, la transformation des viandes et céréales en produits de consommation. Ils seront ensuite distribués en grande surface. Le contrôle des usines agroalimentaires est un peu plus diversifié. Dix entreprises se partagent 30 % du marché mondial.
n retrouve le suisse Nestlé, les états-unien PepsiCo ou Kraft, le néerlandais Unilever et… Cargill, déjà présent dans l’alimentation animale et le négoce de céréales. Enfin, dans la grande distribution, Walmart et Carrefour se disputent le leadership mondial. Mais les dix premières enseignes de supermarchés ne détiennent « que » 10 % du marché mondial, estimé cependant à 7.180 milliards de dollars, presque trois fois le PIB de la France.
Les petits paysans, plus efficaces que l’agrobusiness
Des semences aux hypermarchés, quelques géants de la bouffe imposent, de fait, leur loi sur l’alimentation mondiale. Avec le risque, comme pour les concentrations des marchés financiers aux mains d’une trentaine de banque « systémiques », que le secteur agro-alimentaire s’écroule en cas de faillite ou de krach ?
Ces multinationales, et leurs stratégies de privatisation du vivant (OGM, animaux hybrides, productivité basée sur la chimie…), sont-elles vraiment indispensables pour nourrir le monde ?« L’argument« trop gros pour faire faillite » repose sur un mythe puissant : l’idée que, si on n’intensifie pas la production de semences génétiquement modifiées, de pesticides ou d’engrais de synthèse, la population mondiale n’aura rien à manger », pointe Kathy Jo Wetter d’ETC Group. Mais ce n’est qu’un mythe : les quelque 3 milliards de producteurs et paysans locaux nourrissent la majorité des habitants de la planète, rappelle ETC Group.
Au contraire, la chaîne alimentaire industrielle, tout en utilisant environ 70 % des ressources agricoles mondiales, produit seulement 30 % de l’approvisionnement alimentaire mondial… Malgré leurs gigantismes, les leaders du marché sont donc loin d’être incontournables. D’autant que leur impact négatif est considérable : la filière alimentaire industrielle, est gourmande en énergie fossile et en eau.
Et implique la déforestation de 13 millions d’hectares chaque année. Un modèle pas vraiment efficace.« Si nous voulons survivre aux changements climatiques, nous devons adopter des politiques qui permettront aux fermiers de diversifier les variétés végétales et animales qui se retrouvent sur nos menus », souligne Pat Mooney d’ETC Group. Un changement fondamental dans les mécanismes de régulation se révèle nécessaire… et urgent ! Selon la FAO, seules douze espèces végétales et quatorze espèces animales assurent désormais l’essentiel de l’alimentation de la planète.

Un grand cartel anti-européiste et souverainiste : Marine Le Pen tend la main à Beppe Grillo




C’est avec une grande admiration que toute une sphère politique italienne regarde la progression de Marine Le Pen, que ce soit le résultat encourageant des présidentielles de 2012, la victoire à Brignoles, ou bien encore l’engouement populaire reflété à travers divers sondages nationaux.
Les élections européennes s’approchent à grand pas et qui mieux que le Front national peut exprimer son désaccord dans le Temple de Bruxelles contre cette Union ? En Occident, le vent est en train de tourner. D’une part, il y a la volonté d’aller au-delà de la stérile alternance gauche-droite ; d’autre part, il y a un contraste effarant entre la politique ultra-libérale de l’Union européenne et les conditions sociales des citoyens. En effet, il ne relève pas du hasard que l’ascension électorale du Mouvement 5 étoiles en Italie se dirige dans la même direction, dans la mesure où ces organisations et mouvements politiques se jettent au cœur des failles du système, provoquées par les contradictions du capitalisme lui-même.
Le Front national cherche des alliés sur le continent, puisque pour former un groupe parlementaire au Parlement européen, il faut au minimum vingt-cinq députés européens d’au moins sept pays différents. Il est donc nécessaire de réunir sous un seul et même drapeau, bien qu’en gardant chacun sa propre identité, les différents leaders qui luttent contre cette Europe. Pas contre l’Europe en tant que telle, que ce soit clair, mais bien contre cette Europe. Chaque mouvement ou parti doté de voix devient utile. Qui peut donc être l’interlocuteur de Marine Le Pen en Italie ?
Ces derniers mois, quelques représentants du centre-droit italien (de la Ligue du Nord aux Frères d’Italie en passant par Forza Italia et divers groupuscules minoritaires) ont tenté d’apprivoiser le phénomène « Le Pen » et, bien à leur habitude, de se l’accaparer. Berlusconi sortira de la scène politique, il y passera certes encore un peu de temps mais finira par disparaître. Bien évidemment pas grâce à la magistrature ou à la gauche, qui en réalité n’a cessé de le maintenir en vie en faisant de l’anti-Berlusconi son cheval de bataille. Ses démissions ont été provoquées, « le coup d’État en douceur » réussi par Mario Monti, émanation de l’oligarchie (de Goldman Sachs aux pouvoirs européistes). De fait, le centre-droit est sans idées, sans véritable leader charismatique et sans grandes prospectives pour l’avenir. Il y a ceux qui, pour changer de cap dans cette phase d’immobilisme, ont regardé en direction de la France, celle vue par Marine Le Pen. Il y a Matteo Salvini, vice-président de la Ligue du Nord, il y a Francesco Storace, secrétaire de « La Droite », il y a Gianni Alemanno, leader de l’association « D’abord l’Italie » et ex-maire de Rome, et enfin il y a Giorgia Meloni de « Frères d’Italie ».
Tous ces partis, même unis, ne dépasseraient pas les 12 % si nous allions voter demain. Mais il y a un facteur d’autant plus important : toutes ces organisations n’ont aucunement la même crédibilité que le Front national, notamment en raison du fait que le parti français n’ait jamais vanté les partis traditionnels, participé à quelconque majorité gouvernementale ni même joui du soutien de l’appareil médiatique, contrairement aux personnalités citées plus haut. Pendant des décennies ces personnages ont eu les effectifs nécessaires au Parlement pour renverser le pouvoir de Bruxelles, mais ils ont surtout eu les moyens de communication nécessaires (de Mediaset aux différentes unes de journaux, en passant par les maisons éditrices aux mains de la famille Berlusconi) pour informer de la dérive ultra-libérale de la Banque centrale européenne et préparer l’opinion publique à une éventuelle sortie de l’Union.
D’un autre côté, il y a le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo et Gianroberto Casaleggio (personnage énigmatique dont il faudrait traiter à part), fort de ses résultats obtenus lors des élections de février (25,55 % des voix). Malgré de nombreuses limites, il s’apparente à une alternative transversale, courageuse et avant-gardiste, qui a réussi en seulement trois années à forcer l’admiration d’intellectuels comme Massimo Fini, Dario Fo, Giulietto Chiesa, Serge Latouche, de blogueurs comme Claudio Messora, d’économistes comme Alberto Bagnai, Loretta Napoleoni, le professeur Rinaldi ou bien encore Claudio Borghi, de juristes comme Lidia Undiemi, de journalistes comme Marco Travaglio pour ne citer qu’eux. Toutes ces différentes personnalités que l’on pourrait identifier en France à d’autres, comme l’essayiste Alain Soral, le professeur Pierre Hillard, le journaliste Thierry Meyssan ou bien encore le chercheur Aymeric Chauprade.
Le Mouvement 5 étoiles est surtout parvenu à réunir étudiants et retraités, citoyens de droite et de gauche, ouvriers et petits entrepreneurs. Un modèle politique révolutionnaire d’un caractère le plus démocratique qu’il soit, qui est sorti des barrières idéologiques en refusant le langage imposé par le pouvoir (droite/gauche). C’est un mouvement qui, en quelques mois, a réaffirmé l’économie réelle sur la finance apatride, le citoyen sur le consommateur, la lire sur la monnaie unique, le travail sur le capital, l’identité communautaire sur l’hyper-individualisme, l’Italie sur l’Europe, la paix sur l’ingérence impériale américaine, les valeurs pré-politiques (honnêteté, humilité, honneur, dignité) sur les valeurs politiques (corruption, compromis, clientélisme, favoritisme), la nationalisation des secteurs clés du pays sur le libéralisme, le secteur public sur le privé.
« Portez votre voix haut et fort sinon l’Italie sera perdue. Vous ne pouvez pas croire que, avec l’aide d’une SARL et avec une poignée d’hommes au Parlement, je puisse combattre tout seul la partitocratie, la maçonnerie, le système bancaire, la BCE, le crime organisé, tous les médias. Sans vous, ce sont eux qui vaincront », avait écrit Beppe Grillo sur son blog quelques semaines après les élections. Le Mouvement 5 étoiles est seul contre tous, tout comme le Front National en France.
Récemment interviewée par la 7 (émission télé italienne), Marine Le Pen n’a pas tari d’éloges sur Beppe Grillo : « En Italie, il n’y avait pas un seul parti critique sur la question européenne, Grillo a comblé ce manque. Je suis d’accord avec lui sur la nationalisation des banques et sur le referendum pour la sortie de l’euro, je l’ai moi-même proposé. » Des rapports directs avec lui, non (« s’il souhaite me rencontrer , je suis ici »), mais « nos équipes sont en contact. La personne en charge des questions européennes m’a dit qu’elle attendait un appel téléphonique d’un des responsables du Mouvement 5 étoiles. D’ailleurs, pourquoi attendre ? Une responsabilité historique nous attend. Les forces eurosceptiques doivent se rencontrer. » Casaleggio a, par la suite, démenti sur le blog (« Aucun des collaborateurs de Beppe Grillo n’a eu des contacts avec Marine Le Pen, ni même souhaité en avoir »), peut-être pour ne pas dévoiler les cartes avant la présentation des listes électorales ou bien parce qu’il n’y a absolument aucune intention de créer le moindre contact en vue des élections de mai 2014.
Bien que le Front national ait pour symbole une flamme tricolore – reprise par le Mouvement social italien –, Marine Le Pen ne doit pas se tromper d’interlocuteur en Italie (éviter plus exactement le centre-droit italien dans son ensemble), et doit créer un regroupement anti-européiste qui rassemble toutes les entités aspirant à la souveraineté. Avec par exemple l’UKIP de Nigel Farage, l’Alternative für Deutschland (AfD) allemand et le Mouvement 5 étoiles, le concept de souveraineté nationale pourrait être mis au cœur du débat, aussi bien du point de vue économique que politique ; les prémices d’un dialogue avec la communauté musulmane d’Europe sur de nouvelles bases pourraient être lancées ; les intérêts des ouvriers, tout comme ceux des agriculteurs, des éleveurs et des petits entrepreneurs pourraient être défendus. On pourrait également s’opposer aux guerres atlantistes et aux ingérences américaines dans la politique intérieure des nations, voire même se tourner en direction de la Russie de Poutine en vue d’un monde multipolaire.
Sebastiano Caputo pour Égalité & Réconciliation
(Corrections de Damien Bondavalli)

Sebastiano Caputo est fondateur et directeur du quotidien en ligne L’Intellettuale Dissidente. Il a collaboré pendant deux ans avec le quotidien de gauche national Rinascitaet écrit actuellement pour La Voce del Ribelle, dont le directeur politique est Massimo Fini. Le 5 décembre prochain, il sortira son premier essai politique, Le Pouvoir. Le monde moderne et ses contradictions (Historica Edizioni, 180 pages), préfacé par Carlo Sibilia (député du Mouvement 5 étoiles) et dont l’épilogue est réalisé par Diego Fusaro (essayiste, professeur, philosophe).

Syrie : lettre ouverte d’un collectif d’avocats à François Hollande




Monsieur le Président,
Les soussignés, trois avocats français et un suisse, se sont rendus, à l’invitation de Monsieur le Bâtonnier de Damas, en Syrie, du 6 au 13 octobre 2013. L’objectif de notre voyage était principalement de découvrir, sur place, la réalité quotidienne de la complexe situation syrienne. Grâce à l’attitude des autorités locales, qui nous ont laissé toute liberté d’investigation, notre mission a pu être pleinement remplie.
Monsieur le Président, nous sommes en mesure de vous informer que l’opinion selon laquelle le Président Bachar el-Assad tirerait sur son peuple, « gazerait » sa population et serait responsable de plus de 100 000 morts est entièrement fausse.
Il est affligeant de constater à quel point les Occidentaux, et les Français plus que d’autres, sont désinformés et manipulés par les médias ! Nous ne savons pas si c’est également le cas pour vous et si les services spéciaux français pratiquent la même désinformation et manipulation à votre égard.
La réalité du terrain est que la Syrie est victime d’une agression interne et externe (plus de 40 000 combattants islamistes étrangers, dont peut-être plusieurs centaines de Français, se battent en Syrie).
La réalité est que les agresseurs (y compris occidentaux) sont d’une sauvagerie extrême ; nous avons vu des vidéos insupportables où ceux-ci découpent des êtres vivants ou morts en morceaux.
La réalité est que toute une population souffre de la hausse des prix, des difficultés d’approvisionnement et surtout d’être pris sous le feu et les bombardements ou attaques incessantes des « rebelles » et parfois de l’armée syrienne, dans le cadre des ripostes.
Vous savez que vos alliés, des monarchies théocratiques obscurantistes du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite), aident ces criminels en les armant, en les finançant ; que la Turquie islamiste les soutient en permettant, à travers sa frontière, leur approvisionnement ; qu’enfin, les gouvernements occidentaux les favorisent en leur apportant une aide matérielle et logistique (armes « non-létales » ! qu’est-ce donc ?), ainsi que médiatique.
Vous devez savoir aussi que tous ceux qui sont responsables de cette sale guerre et ses cortèges de misères et de morts sont précisément tous ceux qui soutiennent les pseudo-rebelles, quels que soient les modalités de ce soutien et les véritables prétendus bénéficiaires de cette aide (la réalité sur le terrain est que les islamistes sont beaucoup plus nombreux que les autres, dont la pseudo-Armée syrienne libre).
Que vous l’acceptiez ou pas, le gouvernement légitime de l’État syrien combat la barbarie et la sauvagerie islamistes pour la défense de la civilisation, de l’intégrité de son territoire, la survie et la liberté de son peuple.
La guerre que sèment sur le terrain les opposants se résume, à ce jour, à des tirs meurtriers de « snipers » sur les soldats syriens ou sur des civils et sur l’envoi récurrents d’obus meurtriers sur des quartiers populaires (le vendredi 11 octobre, un obus dans la banlieue de Damas a fait 21 morts et de nombreux blessés, le samedi 22 un autre a fait 2 morts et plusieurs blessés, dans la rue même de notre hôtel).
Comprenez bien, Monsieur le Président, qu’autant que vous soutiendrez, avec les autres nations interventionnistes, les agresseurs sanguinaires, ceux-ci seront en mesure de poursuivre leur agression et de semer la misère et la mort ; sans même évoquer les risques de bombardements directs dont vous étiez le premier partisan.
Tous nos interlocuteurs, officiels ou gens de la rue, nous posaient systématiquement la même question : « Pourquoi le pays des droits de l’Homme soutient-il les agresseurs et les assassins et nous combat-il directement ou indirectement ? »
Que faut-il répondre à cette question légitime ? Nous vous appelons solennellement, Monsieur le Président, à reconsidérer votre position à l’égard de l’État syrien, et à cesser tout soutien aux agresseurs armés, quelles que soient leurs propres dénominations.
Des élections générales sont prévues en Syrie au printemps 2014 ; il n’est pas d’autre issue acceptable que le soutien à un processus démocratique de rétablissement de la paix dans ce pays, pour que cessent définitivement les atrocités et les horreurs quotidiennes dont vos protégés sont les coupables exclusifs.
Nous sommes à votre disposition pour vous rencontrer et vous exposer plus avant les résultats de notre mission. C’est de l’honneur de la France dont il est question et pas seulement du rétablissement de la paix et de la sérénité dans un État indépendant.
Nous osons espérer que ce courrier ne finira pas dans les poubelles de l’Élysée, ce qui serait une offense supplémentaire aux nombreux cadavres qui jalonnent le parcours de vos alliés sur le terrain.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos salutations démocratiques.
Fait à Grenoble, le 5 novembre 2013
Bernard RIPERT, avocat au Barreau de Grenoble 
Damien VIGUIER, avocat au Barreau de l’Ain 
Pascal JUNOD, avocat au Barreau de Genève 
Fabrice DELINDE, avocat au Barreau des Hauts-de-Seine


samedi 7 juillet 2012

Entretien avec Gabriele Adinolfi



Les Non-alignés proposent ici un entretien avec Gabriele Adinolfi, militant actif dans le milieu national-révolutionnaire durant les années 70-80.

mercredi 4 juillet 2012

Nouvelle BD prévue pour septembre


Je viens de découvrir que le trio Dieudo- Soral- Zéon nous réserve une petite quenelle pour le mois de septembre.

Dieudonné interviewé par le New York Times