
"Dès 1930, dans un article consacré à l’avènement du cinéma parlant, Marcel Pagnol opposait le théâtre, où chacun des spectateurs voit une pièce différente selon la place qu’il occupe dans la salle, au cinéma où chaque spectateur voit ce que la caméra a vu, c'est-à-dire exactement le même film : il concluait que « dans une salle de cinéma, il n’y a pas mille spectateurs, il n’y en a qu’un ». La télévision étend ce dispositif aux dimensions de la planète, et peut-être le plus authentiquement terrifiant dans les attentats new-yorkais du 11 septembre 2001 – l’événement le plus médiatisé de l’histoire, diffusé en direct par des milliers de chaines de télévision – réside-t-il dans cette réduction instantanée de milliards d’êtres humains à un seul téléspectateur, rivé à son écran et hypnotisé par lui."
Jean VIOULAC, L’époque de la technique. Marx, Heidegger et l’accomplissement de la métaphysique, Paris, PUF, 2009, p. 148-150.
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