« Quand on est un bourgeois de gauche, on n’est pas un révolutionnaire mais on a une « sensibilité révolutionnaire ». Cela signifie qu’on n’ira risquer ni sa peau, ni sa fortune pour la révolution prolétarienne, mais qu’on est toujours prêt à toutes les faiblesses, à toutes les compromissions, les lâchetés, pour avancer l’heure de son triomphe. Une telle disposition procure au sujet la flatteuse sensation qu’il a conscience du péril personnel où il se trouve engagé, mais qu’il se laisse déborder par son tempérament poétique. On fait généralement de ce genre d’imbéciles une grande réputation d’intelligence. Chez les gens qui font profession d’avoir du goût, on juge un homme sur son plus ou moins de sensibilité révolutionnaire. Tout écrivain, s’il veut être pris au sérieux, fût-il apparenté aux 200 familles, se doit d’avoir la fibre révolutionnaire. »
Marcel Aymé, « Le confort intellectuel », 1949.
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