Ce qu’il faut avant tout retirer d’une analyse des scrutins des 14 et 21 mars dernier, c’est un double rejet : celui de Nicolas Sarkozy bien sûr, mais aussi celui de la mafia politique dans son ensemble.
Avec seulement 35% des suffrages à l’issu du second tour, le parti gouvernemental, la célèbre Union des maquereaux et des pourris, accuse vingt points de retard sur la gauche : une sanction plus grave encore que celle qui avait frappé le parti du président en 2004 où son déficit de suffrages n’était que de 13%. Même si elle n’est pas certaine, la défaite de Sarkozy se profile donc à l’horizon 2012, et son rejet actuel est tel qu’un sondage du 22 mars dernier indique qu’une forte majorité de Français (58 %) ne souhaite pas qu’il soit candidat à la prochaine élection présidentielle.
Jean-Marie Le Pen, qui a autant fait campagne contre l’UMP que contre le PS, a eu raison d’affirmer, le soir des élections, que ce résultat marque « l’effondrement du sarkozysme. Le coup est très dur, d’autant plus que tous les ministres engagés sont battus. »
Cela étant, l’opposition de gauche ne triomphe qu’en apparence, par défaut pourrions-nous écrire. On ne contestera pas son résultat impressionnant, tant en nombre de voix qu’en pourcentage, mais on constatera que pour nombre d’électeurs elle n’est nullement apparue comme le recours face au sarkozysme. Bien au contraire… et pour beaucoup de citoyens hostiles à l’UMP et à notre président, l’alternative n’a pas été - parce qu’ils rejetaient les pourris de droite - de voter pour les pourris de gauche mais de se réfugier dans l’abstention. Cette autre manière de protester par les urnes a ainsi connu une hausse significative de près de 20% par rapport à ce qui est habituel dans ce type d’élection.
Certains ont ainsi pu parler d’une « véritable insurrection abstentionniste »... Cette abstention est particulièrement forte dans les zones où les industries ont été délocalisées, où le chômage et la misère sont le pain quotidien. Ce sont ces mêmes zones géographiques qui ont données ses meilleurs scores au Front national. Le quotidien Le Monde a cité l’exemple de la Moselle-Est où le FN est maintenant la deuxième force politique et où l’abstention dans certaines communes a frôlé les 80 % (79,84 % exactement à Farébersviller). De même, en PACA, c’est dans le Vaucluse, département à forte pauvreté durement frappé par la crise, que le Front réalise son meilleur score avec 26,54 %.
Il y a là une concordance et une possible convergence. La concordance c’est celle du refus des pourris de droite et de gauche, du refus de l’Union des maquereaux et des pourris et du Parti des salauds. La convergence possible c’est celle des abstentionnistes qui n’ont plus confiance en personne et d’un Front national rénové. C’est celle qu’évoquait lors des européennes l’affiche nationale-jauressienne : « Celui qui n’a plus rien, la nation est son seul bien ». Cette convergence, si elle se réalisait, serait révolutionnaire et nous ne pouvons que la souhaiter et y travailler.
Cela me ramène à un leitmotiv dont je suis coutumier, à savoir citer les termes d’une tribune libre qu’Alain de Benoist confia à voxnr.com peu de temps après les dernières législatives : « Le Front [doit] comprendre que la culture de ses électeurs n’est pas forcément la même que celle de ses militants (1). L’avenir du FN dépendra de sa capacité à comprendre que son “ électorat naturel ” n’est pas le peuple de droite, mais le peuple d’en-bas. L’alternative n’est pas pour lui de s’enfermer dans le bunker des “ purs et durs ” ou, au contraire, de chercher à se “ banaliser ” ou à se “ dédiaboliser ”. L’alternative à laquelle il se trouve confronté aujourd’hui de manière aiguë est toujours la même : vouloir encore incarner la “ droite de la droite ” ou se radicaliser dans la défense des couches populaires. »
D’où le combat auquel je convie ceux qui me lisent et qui me font confiance : à l’intérieur ou à l’extérieur du FN contribuer à ce qu’il devienne, selon les termes d’Alain de Benoist, « une force de transformation sociale dans laquelle puissent se reconnaître des couches populaires au statut social et professionnel précaire et au capital culturel inexistant, pour ne rien dire de ceux qui ne votent plus. » Qu’il devienne en clair le véritable « parti du peuple de France ».
En marge des élections régionales, un match se déroulait en interne dans le « ghetto national ».
Celui-ci avait deux enjeux. Savoir tout d’abord si une extrême droite radicale était de taille à concurrencer le Front national, et, ensuite, déterminer qui serait, à l’avenir, la tendance dominante de celle-ci : soit l’alliance des traditionalistes, à savoir le Mouvement national républicain, le Parti de la France et la Nouvelle droite populaire, soit les modernistes identitaires.
Pour ce qui était de remettre en cause le leadership du Front national, le résultat était connu d’avance : c’était mission impossible et il fallait être bien naïf pour espérer le faire. Il suffisait de constater une première chose : si, en 2004, le Mouvement national républicain avait concurrencé le FN dans vingt régions, en 2009, celui-ci n’avait plus des challengers que dans neuf !
Même si les résultats n’ont pas tous été ridicules - on relèvera les 4,98 % d’Alsace d'abord, les 3,95 % de Jean Verdon dans la région Centre, les 3.71 % de Fernand Le Rachinel en Basse-Normandie, les 3.00 % d’Annick Martin en Lorraine – ils ont toujours été très faibles. C’est la preuve par les urnes qu’il n’existe pas d’espace pour ce type de mouvements et qu’ils sont dépourvus d’avenir politique.
Plus intéressant est l’échec cinglant des Identitaires. Ces derniers mois, une presse complaisante les présentait comme ceux avec qui le Front national allait devoir compter dans les années prochaines et comme ceux qui étaient susceptibles de créer un Vlaams Belang ou une Ligue du Nord à la française. Ils avaient de plus le soutien, plus ou moins discret, de Minute, de Radio Courtoisie, de la Fondation Polémia, et de quelques pointures du national-libéralisme. En Paca, leurs cadres, claironnaient qu’ils allaient tailler des croupières au parti de Jean-Marie Le Pen et, vendant la peau de l’ours avant de l’avoir tué, ils s’interrogeaient même sur une éventuelle fusion de leur liste avec celle de l’UMP lors du second tour.
On allait voir ce que l’on allait voir !… On a vu : 2.60 % en Paca pour leur liste pourtant conduite par Jacques Bompard, 4.98 % en Alsace (soit une baisse de cinq points depuis 2004) et … 0.68 % en Languedoc-Roussillon !
Le ridicule ne tue pas, ni en politique ni ailleurs, c’est parfois bien dommage… Quoiqu’il en soit cela nous montre au moins une chose : le tout internet et l’intox médiatique continuelle n’ont aucune conséquence en terme électoral. Contrairement à ce que croyaient les Identitaires, il ne sert à rien, pour obtenir les voix du peuple français, d’être les chouchous des journalistes du Monde, de bénéficier d’une promo continuelle dans les colonnes de Minute et sur les ondes de Radio Courtoisie, et de ne vivre que pour le buzz internétique. Rien de cela ne remplace la véritable action sur le terrain et l’enracinement réel.
Ce sont ces fondamentaux que n’avait pas oublié l’alliance PDF/MNR/NDP qui fait que celle-ci, au final, tire le mieux son épingle du jeux.
VoxNRcom
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire