dimanche 6 juin 2010

Discours du député français Hervé de Charette

Par son courage et sa hauteur de vue, Monsieur Hervé de Charette, Député centriste et ancien Ministre des Affaires Etrangères, renoue avec la grande tradition politique du Quai d’Orsay et de la France. Devant un hémicycle de parlementaires (dont beaucoup assistent aux dîners du CRIF la tête basse), Monsieur Hervé de Charette a osé briser un tabou : parler de la politique d’Israël en Palestine et de l’inertie — pour ne pas dire la complicité — de l’Union Européenne et de la France envers l’état sioniste. Une première depuis longtemps… D’autres suivront ? N’en doutons pas.
M. Hervé de Charette :
Ma question s’adresse au Ministre des affaires étrangères.
M. le Ministre, dites nous, jusqu’à quand l’Europe et avec elle la France vont-elles continuer de supporter sans réagir la politique réactionnaire du Gouvernement israélien à l’égard du peuple palestinien ?
Le Gouvernement israélien décide de construire 1600 nouveaux logements dans la partie arabe de Jerusalem qu’Israël occupe depuis 40 ans sans aucun droit. Que fait l’Europe ? Rien.
La malheureuse population de Gaza est enfermée dans une vaste prison à ciel ouvert où des milliers de familles sont livrées à la misère au milieu des ruines laissées par la guerre déclenchée par l’armée israélienne. Que fait l’Europe ? Rien.
La colonisation se poursuit inlassablement en Cisjordanie. Que dit l’Europe ? Rien.
Des milliers de Palestiniens sont détenus dans les prisons et les camps israéliens sans jugement et sans droits. Que dit l’Europe ? Rien et toujours rien !
M. le Ministre les provocations récentes du Premier Ministre israélien dont l’intention délibérée est de rendre impossible quelque négociation que ce soit avec les dirigeants palestiniens ont atteint un niveau qu’on n’avait sans doute jamais connu dans le passé. Tous dans cette assemblée nous souhaitons pour Israël un avenir de paix, de sécurité, et de prospérité. Mais nous sommes nombreux à refuser de sacrifier le peuple palestinien à l’intolérance et à l’aveuglement du Gouvernement israélien d’aujourd’hui.
Je m’adresse à vous M. le Ministre, moins parce que vous êtes ministre que au nom du "french doctor" qui s’est toujours intéressé aux droits de l’homme dans le monde. Je vous en supplie, entendez l’appel de la Palestine qui depuis des années subit l’injustice de l’Histoire !
M. Bernar Kouchner :
M. Hervé de Charrette, j’ai bien entendu votre éloquent constat. Permettez moi de le juger un peu excessif. Surtout que vous ne proposez pas plus d’actions que vous ne dénoncez l’inaction.
Permettez moi de vous dire que si nous sommes d’accord, hélas, sur toutes les parties que vous avez citées, aussi bien la poursuite des colonisations, la situation à Gaza insupportable… mais en réalité vous ne pouvez pas dire que l’Europe ne fait rien.
Qu’est-ce qu’on peut faire ?
Qu’est-ce qu’on peut faire alors que tout le temps, tous les jours , toutes les semaines, toutes les réunions, nous sommes en train non seulement de dénoncer mais de proposer. Que nous avons à partir de la conférence de Paris mis au point avec Salam Fayyad Premier Ministre palestinien des projets qui se poursuivent, jour après jour. Que la situation a changé, même si elle est encore extrêmement difficile en Cisjordanie, que la situation ne change pas à Gaza et que nous avons dénoncé tout cela. Que le Président de la République a prononcé les mêmes mots à la Knesset et à Ramallah, dénonçant... Nous n’avons jamais accepté l’annexion de Jerusalem Est, nous n’avons jamais accepté la poursuite de la colonisation. Nous avons fortement dénoncé les 1200 appartements qui ont été, au moment de la visite de Biden, proposé et peut-être mis en oeuvre déjà. Nous avons fait tout cela. Nous poursuivons. Non seulement nous poursuivons mais nous essayons d’être présents sur place.
Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre dites le moi ? Est-ce que vous avez une idée sur ce qu’on pourrait opposer pour être efficace ? Nous n’en avons pas beaucoup alors nous faisons, et l’Europe avec nous, beaucoup de choses, ne soyez pas injuste.

Assemblée nationale, le 24 Mars 2010.

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