lundi 28 juin 2010

Le mélange des genres

Le mélange des genres



Le quotidien Libération nous a appris, dans son édition du 26 mai dernier, que les études sur le genre (gender studies), nées il y a quarante ans dans les milieux de l’extrême gauche féministe des États-Unis, faisaient « enfin » leur entrée en France avec l’ouverture à Sciences-Po Paris d’une chaire leur étant spécialement dédiée.

Selon Libération, les premiers cours de ce projet intitulé Presage (Programme de recherche et d’enseignement des savoirs sur le genre) ont commencé début juin et « seront obligatoires pour tous dès 2011 ». Aucun élève ne pourra donc bientôt sortir de l’Institut d’études politiques de Paris sans avoir suivi un enseignement en gender studies.

« Ce projet est au fond éminemment politique. L’enseignement s’adressant à des élèves appelés à devenir de futurs cadres, de prochains députés, des dirigeants de demain, cette entreprise est un pari sur l’avenir » a insisté Richard Descoings, patron de Sciences-Po, dans son allocution de présentation du nouvel enseignement. Puis il a expliqué : « Les études sur le genre ont pris du temps à émerger en France parce qu’elles mettent à mal l’égalitarisme républicain et formel, si hexagonal, selon lequel il n’y a que l’État et les citoyens, et que tous sont égaux devant la loi. »

Étrangement, cette information n’a suscité aucune levée de bouclier ni dans la mouvance nationale, ni chez les catholiques qu’il est convenu de nommer de tradition. Pourtant, l’obligation pour les futures élites de la République de suivre ces cours est mille fois plus scandaleuse et lourde de conséquences que les prières de la rue Myrha ou que les pantomines ridicules de la Hellfest.

Mais il est vrai que réagir sans réfléchir à un stimulus extérieur est une chose aisée, alors que réfléchir aux conséquences d’un fait en apparence banal et les analyser l’est moins. Sans compter que pour dénoncer une nouvelle idéologie pernicieuse, encore faut-il savoir qu’elle existe et, sur ce point, je gage que bien peu nombreux sont, au sein du mouvement national dans son ensemble, ceux qui ont idée de ce que peuvent être les études sur le genre et les implications civilisationnelles qu’elles posent.

Seule, à notre connaissance, Élizabeth Montfort, sur le site Liberté Politique.com, a pris la mesure du péril et l’a clairement décrypté. Ainsi nous inspirerons-nous très largement son analyse. Dans son article Élizabeth Montfort nous explique que selon la théorie du genre, « l’individu serait mieux caractérisé par son orientation sexuelle que par son identité sexuelle, fondé sur un donné biologique, donc de nature ». Se considérer comme un homme ou une femme reviendrait, selon la théorie du genre, à refuser de se construire soi-même, selon sa propre volonté souveraine, et à rester aliéné par son identité masculine ou féminine. C’est ce que résume un théoricien de cette nouvelle idéologie : « L’individu postmoderne ne se reconnaît plus dans la société “hétérosexiste” : la différence des sexes est une dictature puisqu’elle est imposée par la nature. Pour être libre, l’individu doit pouvoir se choisir. Son droit le plus fondamental est “le droit d’être moi”, de se choisir en permanence alors que la nature impose d’être un homme ou une femme ».

Alors que le sexe manifeste qu’une différence existe entre l’homme et la femme en faisant référence à leurs caractéristiques biologiques, le terme de genre formule une « option selon laquelle on choisit précisément le genre de son choix » car il renvoie aux rôles et aux comportements susceptibles de varier selon les sociétés. Prétendant que l’être humain est « neutre » à sa naissance et qu’un rôle masculin ou féminin lui est imposé par le milieu culturel où il vit, les théoriciens du genre déconstruisent l’universalité de la différence sexuelle entre l’homme et la femme sur lequel repose la société. Il s’agit pour eux d’affirmer ainsi que « chacun s’invente son genre qui peut évoluer au cours de la vie. […] Ce que je choisis est permis, puisque je l’ai choisi ».

Outre la déconstruction de l’identité sexuelle, le genre déconstruit la famille où la femme, selon ses idéologues, « est maintenue en esclavage », ce qui « conditionne les enfants à accepter le mariage et la féminité comme naturels ». La famille doit être désormais « choisie » et elle devient une variable polymorphe : monoparentale, homoparentale, recomposée.

Le gende inspire aussi des glissement sémantiques pour opérer sa déconstruction des identités, c’est la raison, par exemple, pour laquelle la parenté devient parentalité, il s’agit par là « d’opposer les trois composantes de la filiation : la filiation biologique, la filiation juridique et la filiation sociale, pour choisir celle qui convient ».

Jean-Paul Fitoussi, économiste président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), s’est félicité de la création de cette nouvelle chaire et a estimé que « cet enseignement va éveiller les consciences ». Il est vrai que pour que l’idée d’indifférenciation généralisée s’installe dans la société, il est stratégiquement des plus intelligent d’en convaincre tout d’abord les élèves de cet établissement de formation des « esprits supérieurs » qu’est Sciences-po Paris. Une fois cela fait, les élites de demain diffuseront la bonne parole dans l’administration, la politique et l’entreprise… Elles seront aptes ainsi à faire accepter par des modifications législative ou des campagnes de propagande bien menées ce que le peuple intuitivement refuse : les mariages d’individus du même sexe, l’adoption par des couples d’homosexuels, la reconnaissance du transexualisme, etc.

On sait que le poisson pourrit toujours par la tête. Les cours de genre à Sciences-po Paris nous en donnent une nouvelle illustration.

Christian Bouchet


VOXNR

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