La déclaration de candidature de Ségolène Royale aux primaires socialistes pour la désignation du candidat à la rose à la prochaine élection présidentielle lance pour de bon la campagne. Nombre de prétendants étaient dans les starting-blogs, mais peu encore osaient démarrer. Les Manuel Valls ou Arnaud Montebourg ne sont jamais apparus que comme des boutres-en-train, chauffant l’estrade avant que les poids-lourds – au Parti socialiste, on dit “éléphants” – n’y aillent de leur numéro.
Un numéro qui n’est pas du goût de tous, notamment de l’innénarable Jack Lang qui trouve là l’occasion d’une pompeuse déclaration comme il en a la recette : “Pauvre Parti socialiste ! Le grand parti de Mitterrand, Blum et Jaurès est aujourd’hui la proie d’ambitions purement personnelles qui le déchirent et l’humilient. Les prétendants s’étripent sans véritable vision et sans réel projet collectif. Tout cela est consternant”, écrit-il dans un communiqué.
Jusqu’alors, on ignorait que Jean Jaurès et Léon Blum fussent présent et fondateurs du PS en 1969, lors du congrès d’Alfortville, lors duquel Alain Savary en devient Premier secrétaire, et moins encore en 1971, au congrès d’Épinay, lorsqu’il s’élargit en intégrant d’autres forces politiques socialistes, mais qu’importe à “l’éternel ministre de la culture” d’étaler la sienne de façon aussi… consternante !
Nul doute que François Hollande, ex-compagnon de la Dame, ne tarde à son tour à vouloir lui barrer la route, de même Martine Aubry qui ne pourra rester muette et voir sa rivale concourir une deuxième fois à son nez et à sa barbe.
Certes, les divisions du premier parti de la gauche n’ont rien à envier à celles de la droite de gouvernement qui oppose déjà Nicolas Sarkozy à Dominique de Villepin… ni à celles de la nébuleuse centriste de François Bayrou à Hervé Morin en passant par Jean-Louis Borloo…
Divisions également chez les écologistes où Daniel Cohn-Bendit voit d’un mauvais œil la désignation pour la même élection d’Eva Joly par sa “copine” Cécile Duflot, comme cette dernière l’appelle avec tant de distinction…
À la gauche de la gauche, Jean-Luc Mélenchon s’est déjà auto-proclamé candidat à l’élection présidentielle, sans trop demander l’avis de son allié communiste qui n’apprécie pas plus que cela l’auto-mise en avant du patron du Parti de gauche et n’a pas encore renoncé à susciter une candidature estampillée “faucille et marteau” pour rappeler que le cadavre de la place du Colonel Fabien se décompose lentement.
Au Front national, quel que soit son prochain président, gageons que sa candidate ou son candidat à l’élection présidentielle obtiendra les signatures obligatoires pour se présenter, tous les autres candidats rêvant d’avoir à l’affronter au second tour, persuadés que la victoire ne sera alors même pas discutable. Et que les ravages de l’actuelle campagne interne pour la succession de Jean-Marie Le Pen, n’aura guère d’influence sur ses électeurs que l’on a vu remobilisés depuis les récentes élections régionales.
Et c’est là, sans doute, qu’une hypothèse des plus inattendue pourrait être soulevée car on ne voit guère aujourd’hui, dans le landerneau politique, qui est prêt à faire “le sacrifice de son ambition”, selon l’expression employée en mai dernier par Ségolène Royale et qui n’a cessé depuis lors de faire rire tout le landerneau politique. Preuve, s’il en est besoin, par sa présente déclaration de candidature.
Un président sortant “carbonisé” selon la plupart des observateurs politiques, une majorité parlementaire qui perd toutes les élections depuis trois ans et dont les partenaires menacent sans cesse de reprendre leur liberté, une opposition s’opposant surtout entre elle… et de haineuses rivalités sur fond d’affaires malodorantes et de crocs de boucher qui attendent toujours de servir…
Si le nombre de candidats explose, comme cela semble se dessiner aujourd’hui – trois ou quatre à droite, trois ou quatre au centre, trois ou quatre à gauche, trois ou quatre à l’extrême gauche, estampillée écologiste ou non, c’est-à-dire tous ceux qui obtiendraient sans difficultés les fameuses signatures de parrainage – le “billet d’entrée” pour la second tour de l’élection présidentielle pourrait chuter au dessous des 15 %… Soit le score probable du candidat Front national ou d’un… candidat qui ne viendrait pas obligatoirement du Parti socialiste ou de l’UMP. Le rêve, quoi !
Philippe Randa
Voxnr
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