lundi 10 janvier 2011

Epilogue : Kosovo et Serbie




Je viens de revenir à Rome. Ce matin, nous avons quitté l’hôtel à 4 heures. Nous avons dû attendre que l’aéroport ouvre ses portes pour finalement découvrir que le vol Sarajevo-Belgrade était annulé pour cause de neige. Vu que notre correspondance pour Rome était à 9 heures, je me retrouve à devoir passer la journée dans l’aéroport. Nous rejoignons Belgrade mais nous ne décollons pour l’Italie qu’à 18h50. Ces derniers temps je ne suis pas très chanceux avec les avions mais cela ne nous empêche pas d’avancer.
Je reviens donc de sept jours intenses, éveillé dès l’aube, visitant des endroits spéciaux. Nous avons vu des monastères du XIVème siècle, des monuments commémoratifs, des enclaves Serbes, nous avons rencontré des hommes et femmes passionnants et les autorités. Une semaine pleine vécue d’un côté dans une certaine amertume et un sens de la défaite et de l’autre avec la volonté de construire, de combattre et de rallumer l’espoir.

De ce voyage, ce qui me restera le plus en mémoire, c’est un ensemble de petites images comme l’a immortalisé l’appareil photo de Fabio. C’est un tout, sans logique, sans organisation particulière… Des plaines enneigées, des ruines couvertes d’impacts de balles, la bière Serbe Jelen et la racchia buent pour combattre le froid et le fruit de la cordialité de nos interlocuteurs rencontrés dans les lieux les plus improbables de l’ex Yougoslavie. Et puis les tombes disséminées un peu partout, sans logique, les centaines de pompes à essence que l’on trouvent au Kosovo alors qu’il y a peu de voitures sur les routes, les banques qui fleurissent, les drapeaux albanais qui ornent chaque bâtiments et les rues de Pristina qui n’ont d’ailleurs pas de feu de circulation ou de ronds point mais qui ont la statue de Bill Clinton le libérateur.
Parmi ces images, se trouvent aussi les petites maisons des Serbes, attaquée de nuit par les Albanais qui ne veulent plus d’eux mais aussi les grosses demeures construites pas les Albanais pour encercler les enclaves Serbes. Comment oublier les hôpitaux sans médicament, mal équipé, les voitures sans plaques, les signes de la guerre à chaque coin de rue, les canapés années 70 des bureaux du ministère et les aéroports de style soviétique avec leurs couleurs déprimantes et leur mobilier de fer, la musique Serbe que l’on entend dans chaque bar, toujours le volume au maximum, le droit de fumer dans les restaurants, les 2 euros que coutent les paquets de cigarettes, les égouts à ciel ouvert dans les enclaves, les loups tués et vendus par une vieille mégère au bord de la rue, les enfants Albanais qui hurlent, qui sont sales et qui font la manche avec insistance, les enfants Serbes qui sourient rarement et qui ne demandent rien, les montagnes enneigées, les fleuves gelés, les check-point à passer en silence ; le café espresso servi dans des tasses géantes et puis pour terminer, cette nuée de corbeaux analysant le contenu d’une poubelle de métal brulée on ne sait trop quand.
L’expérience vécue avec Fabio, Giovanni et Stefano fut aussi une occasion unique de cimenter la collaboration avec l’excellente association « L’Uomo Libero » et les gars de la Comunità Giovanile de Busto Arsizio.  Dans ces quelques lignes, je voudrais leur dire toute l’estime et l’affection que j’ai pour Walter Pilo et les gars de Busto, pour leurs délicates attentions et pour les messages qui chaque soir nous arrivaient.
Quant à mes compagnons de voyage, je veux les remercier du fond du cœur de m’avoir supporté cette semaine et d’avoir secondé certaines de mes décisions sans en faire tout un plat. Spécifiquement, je remercie Fabio Francesschini pour son engagement et pour son professionnalisme durant toutes les rencontres que nous avons eu et pour les vidéos qu’il a filmé, Stefano Gussoni pour sa sympathie naturelle et pour sa ténacité au volant aidée par des litres de Redbull et enfin pour la sérénité qu’il dégage toujours et finalement Giovani pour sa compagnie et pour m’avoir suivi lors de cette « nuit de loup ».
Je me dois de remercier Mia, Cristiano et Finita pour leur aide depuis Rome, les web supporters de CPI qui ont suivi ce journal de bord. Je remercie mon épouse Mari et mes enfants Giulia et Enea qui, quand ils viennent me chercher à l’aéroport, me font sentir comme l’homme le plus riche au monde.
Ce voyage se conclut donc mais nous avons semé les graines pour une nouvelle action de solidarité qui impliquera toute notre communauté au travers de l’Italie. Vers fin janvier, le livre édité par L’Uomo Libero devrait sortir et il approfondira de nombreuses questions que j’ai soulevées ces derniers jours car il est écrit par les membres de ce voyage. Ce journal y figurera aussi. Les bénéfices de la vente iront directement à l’école d’Osojane et à l’hôpital de Silovo.
Dans toute l’Italie, c’est notre devoir que de défendre la vérité sur cette histoire de la minorité Serbe au Kosovo et de faire son possible pour l’aider. Nous avons promis qu’en mai 2011, nous reviendrons au Kosovo avec les deux génératrices électriques, un bus scolaire, une voiture pour le transport des patients dialysés, du matériel scolaire et médical, un projecteur et de l’équipement sportif. Nous aidons aussi pour la construction de la « serre de fraises ». Tant de travail devant nous…
Nous savons pertinemment qu’il ne sera pas facile d’atteindre ces objectifs mais nous savons aussi que nous sommes capables de grandes choses et que nous tenons toujours nos promesses.
Le Kosovo est Serbe, mes amis, disons-le à tout le monde.

Gianluca Iannone

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