
M’étant engagé à ne pas me mêler de la course à la présidence du FN, je peux, maintenant que les jeux sont faits, délivrer calmement mon analyse ; d’autant plus calmement que le résultat des urnes fut conforme à mes prévisions…
Le FN, Le Pen père, Marine, les traîtres et les imbéciles
D’abord, même si cette affaire s’est réglée par un vote, n’oublions pas que c’est Jean-Marie Le Pen qui a décidé de transmettre le mouvement à sa fille. Donc prétendre être lepéniste et aller contre la volonté du père – que celle-ci soit motivée par le droit du sang, ce qui après tout est conforme à ses valeurs, ou par une vision stratégique afin d’assurer la pérennité du mouvement – était, pour un lepéniste prétendu, un mensonge doublé d’une trahison.
Un manque de respect indiscutable – les tocards de la mouvance nationale, et ce n’est pas un hasard, l’oublient trop souvent du haut de leur morale à géométrie variable – car le Front national ne serait rien sans Le Pen, lui qui est parvenu à rassembler les familles politiques les plus incompatibles et contradictoires (cathos, païens, libéraux, anti-libéraux, nationalistes, régionalistes, européistes, sionistes et anti-sionistes représentant à peine 1 % de l’électorat français) en un mouvement pesant durablement plus de 15 % des voix et capable de disputer la finale de l’élection présidentielle du fait de son seul talent, de son génie politique incontestable et de son infinie patience…
Un patrimoine qui est le sien, qu’il a décidé de transmettre selon son bon vouloir, retardant pour ce faire le Congrès et le vote d’année en année, jusqu’à être certain que le résultat comblerait ses attentes. Bref, pour qui comprend le fonctionnement du Front, c’était plié d’avance ! Et ceux qui ont cru possible d’aller contre sa décision – traîtres à sa volonté et de surcroit stratèges hasardeux – sont bien ces éternels loosers qui, de Camerone en Camerone, incarnent une extrême droite juste bonne à perdre éternellement, à force de ne combattre qu’elle même.
À propos de Bruno Gollnisch et des anti-Marine
Maintenant, à ceux qui voulaient à tout prix porter Bruno Gollnisch à la présidence du FN par haine anti-Marine, sans nullement se soucier que ce vote affectif provoquerait l’écroulement du mouvement national et son retour aux scores électoraux d’avant Le Pen père, pour raison d’absence de cohérence idéologique, de manque de charisme et de sens politique du sympathique Bruno Gollnisch, je rappelle qu’ils espéraient surtout, à la faveur du pardon des offenses promis en guise de ligne, revenir dans le fromage. Je rappelle aussi à tous ces soi-disant opposants à la politique mariniste que, sur le plan idéologique, au-delà du flou, Bruno Gollnisch n’était en rien un anti-Marine ; un pur et dur contre une vendue au Système… Gollnisch n’étant ni pro-Arabe, ni pro-musulman, encore moins pro-Palestinien puisqu’au contraire allié, au sein des droites européennes, à la plupart de ceux qui sont allés récemment se prosterner à la Knesset. Pire, sur le plan économique et social, Gollnisch n’est même pas antilibéral, préférant Uribe aux FARCS, Berlusconi à Poutine et commémorant – bonjour la main tendue à Hugo Chavez – la mémoire de Pinochet !
Quant à son courage sur un certain sujet que Marine préfère stratégiquement éviter, rappelons qu’il s’est couché à son procès devant Maître Jacubovitz pour ne pas avoir à débourser trop d’argent.
Mais pourquoi le Système préfère-t-il Marine ?
Face à ce constat indiscutable, la seule bonne question à se poser est : pourquoi le Système préfère alors Marine ? Car le Système médiatico-politique, donc financier, a incontestablement favorisé Marine, dont le positionnement antimondialiste et identitaire en fait pourtant un concurrent bien plus dangereux, pour le Système UMPS, que son brouillon et débonnaire concurrent à la bonne vieille idéologie de droite provinciale. Les éternels lourdaux et autres ados débutant dans ce sport de haut niveau qu’est la politique me répondront, éructant d’une même voix : parce qu’elle est sioniste !
Je pense plutôt que le Système, dont le pouvoir politique vient du contrôle et de la lisibilité de ses adversaires, sachant qu’une présidence Gollnisch entraînerait l’effondrement du FN, préfère encore un mouvement d’opposition nationale qui respecte les règles du jeu démocratique, à l’inconnu qui pourrait résulter de l’écroulement du FN gollnischien – la nature électorale ayant horreur du vide. Un Front mariniste performant étant, à tout prendre, moins dangereux qu’une colère populiste livrée à elle-même et risquant de s’exprimer bien plus radicalement, en cette période de crise qui ne peut aller qu’en s’aggravant.
Marine Le Pen, malgré son efficacité médiatique et sans doute demain électorale, acceptant, tout en abordant de front les questions économico-sociales, de ne jamais remettre en cause la version officielle de l’Histoire du siècle dernier – qui est, comme nous le rappelait George Orwell, la clef de la domination politique. Une réintégration dans l’Arc républicain bien comprise qui conduit Marine Le Pen à ne s’autoriser, sur le plan de la critique ethno-confessionelle, que cet antisémitisme sponsorisé qu’est désormais l’anti-islamisme.
Un Front mariniste non pas moins dangereux qu’un Front gollnischien donc, mais moins dangereux pour le Système, en termes de contrôle et de lisibilité, que la montée d’une colère populiste incontrôlée qui pourrait survenir de l’écroulement certain du Front gollnischien.
Écroulement sur lequel certains Machiavel de comptoir spéculaient d’ailleurs pour monter leur boutique…
Des récents troubles au Maghreb et de deux, trois intellos stupides et pontifiants
Cette mise au point faite sur la succession du FN, abordons maintenant ce second sujet d’actualité qu’est la chute du président tunisien Ben Ali.
Comme je le disais l’autre soir chez Taddeï, sur France 3, face à deux idiotes et deux escrocs du concept – je rappelle au passage que Maffesoli, qui a prétendu faire monter le niveau, est ce même charlatan post-moderne qui a validé, de son poste au CNRS, la thèse en astrologie d’Élisabeth Tessier ; quant au jargonneur Bernard Stiegler, qui a prétendu me donner des leçons de crédibilité, il est passé, lui, du braquage de banque à la direction de l’IRCAM sans même être musicien !
Comme je le disais donc l’autre soir chez Taddeï, face à ces deux escrocs, la colère du peuple ne devient Révolution que si elle est accompagnée de l’extérieur par un pouvoir organisé. Thèse vérifiée en France en 1789, en Russie en 1917 et ces quinze derniers jours en Tunisie, puisque nous savons maintenant que Ben Ali a été chassé du pouvoir, non pas par les émeutes qu’il a lui même provoquées pour justifier une virile reprise en main, mais parce que son armée l’a lâché sur ordre des Américains. Une énième couleuvre avalée au passage par le gouvernement français qui n’était au courant de rien, mais qui en a pris l’habitude depuis que la chute de l’URSS, et la fin de la guerre froide, nous a progressivement ôté tout rôle à jouer en Afrique et dans le monde arabe.
Une fois le petit théâtre révolutionnaire pour médias démonté et trahie la légitime colère du peuple, l’éviction de Ben Ali va donc se résumer à la mise au pas d’un national-libéralisme, familial et mafieux, par les gestionnaires de l’oligarchie mondialiste. Avec pour donner le change sur le plan sociétal, l’ouverture de deux, trois McDonald’s et la pornographie autorisée sur Internet. Un changement qui est aussi une éviction des intérêts français au profit des Américains que la crise mondiale rend de plus en plus cannibales, y compris avec ses dominions occidentaux.
De la chance pour certains d’être nés Français malgré les souchiens et certaines manipulations
Cette mise au point faite pour le plaisir d’avoir eu raison face à mes détracteurs, l’affaire tunisienne me fournit surtout l’occasion de rappeler à nos jeunes concitoyens, originaires du Maghreb, combien c’est une chance pour eux d’être de nationalité française, comparé au sort réservé à la jeunesse de Tunisie et d’Algérie. Cette Algérie des généraux où un scénario “jasmin” à la George Soros, (grand sponsor des révolutions colorées), a beaucoup moins de chances d’aboutir, l’armée détenant là-bas ces pleins pouvoirs économiques qui permettent de mater dans le sang toute insurrection populaire, comme elle le fit déjà dans les années 90 avec le FIS, à concurrence de 150 000 martyrs.
Rappeler surtout à ces Français chanceux combien il devient dangereux, à l’heure ou leurs anciens protecteurs antiracistes se retournent contre eux au nom de l’anti-islamisme, de s’enrôler dans la croisade anti “souchiens”. Dangereux, pour ne pas dire suicidaire, de suivre certains double-nationaux qui, au lieu de tourner leur colère contre la junte militaire de leur pays d’origine, l’Algérie, s’ingénient à importer ici le “conflit de civilisations”. Raison qui expliquerait peut-être qu’une certaine porte-parole des “Indigènes de la République” se retrouve salariée de l’Institut du Monde arabe. Payée par un Institut qui ne représente en rien l’islam – comme le dénonce stupidement Riposte laïque – mais l’islamo-sionisme des Saoudiens ; d’où, à sa tête, non pas un musulman pieux, mais Dominique Baudis, ancien patron du CSA, membre du comité d’honneur France-Israël et actuel employeur de la passionaria Houria Boutelja…
Conclusion : c’est compliqué la politique. Et c’est vicieux !
Alain Soral
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