vendredi 5 novembre 2010

Lettre de mon arrière-grand-mère...

"Aujourd’hui nous revenons de la procession des Carmes, tout près d’ici. Il fait une chaleur caniculaire. Mais nous avons d’abord passé par de longs corridors voûtés, aux murs nus, en de longs couloirs sombres et frais, sentant presque la crypte et fort la prison, avec d’étroites portes.  Ces vieilles constructions rappellent le horreurs de la Révolution et plus d’un martyr de sa fureur.
La foule s’y pressait incommodément pour suivre en troupeau une procession qu’on ne voyait ni n’entendait. Nous arrivâmes ainsi à un petit perron où se lisent ces mots : « Hic ceciderunt. » - C’est ici qu’ils tombèrent – et la procession se poursuivit sous des allées ombragées entourant un vaste jardin carré, moitié jardin d’agrément, moitié potager, où les suaves effluves de l’été parfumaient l’air. de vieux arbres décrépis, des arbustes broussailleux y mettaient de l’ombre. il y avait des bouts de gazon et des bordures de buis. Cela m’a rappelé les jardins démodés de coins perdus de province entrevus dans mon enfance. D’un côté s’élèvent les nouveaux et beaux bâtiments de l’Institut Catholique. De l’autre, les antiques bâtiments du couvent des Carmes que l’Institut utilise aussi. Ce jardin est un petit reste de ceux qui couvraient jadis une grande partie de ce quartier : rue d’Assas, rue Saint-Simon etc. Il rappelle de sanglants et saints souvenirs. L’an passé, c’est dans les chemins de Quiberon que nous avons suivi la procession de la Fête-Dieu…"
Dimanche de la Fête-Dieu, 4 juin 1889

Zentropa

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