mardi 4 janvier 2011

On aimerait croire que l’année sera bonne…

Une analyse de Justin Knight, spécialiste des obligations européennes à l’Union Bank of Switzerland (UBS), publiée dans le quotidien Le Temps(1), confirme nos vues les plus pessimistes sur la poursuite de la crise des États européens.
Et c’est peu dire que Justin Knight n’y va pas par quatre chemins : « La crise sur le marché des dettes d’État va continuer à empirer et atteindre des niveaux encore jamais vus. Jusqu’à un point de rupture mettant en danger la survie même de la monnaie unique », écrit-il. À ce moment-là, « les dirigeants européens prendront les décisions qui s’imposent, c’est-à-dire abroger l’article 125 du Traité de Lisbonne interdisant le sauvetage financier d’un pays membre », indique encore le spécialiste de l’UBS.
Mais ça ne sera que la première des mesures à prendre. Il faudra ensuite «persuader deux groupes d’Européens. Les Nordiques (Allemagne, Pays-Bas, Autriche) devront accepter de signer des chèques pour les pays moins vertueux. Les pays de l’ouest du continent (Espagne, Portugal, France, Italie…) devront se résoudre à perdre leur souveraineté en capitulant leur liberté budgétaire. Seule la gravité de la crise pourra convaincre ces pays de prendre ce chemin », conclut-il.

1 000 milliards d’euros à trouver…

Il manque encore quelques chiffres – et c’est peu dire – à ce scénario déjà pessimiste, pour ne pas dire catastrophiste. Dans son dernier rapport semestriel, le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE),Vitor Constancio, a pointé la vulnérabilité des établissements bancaires européens, lesquels devront trouver au cours de l’année prochaine plus de 1000 milliards d’euros pour se refinancer (2). Et comme l’on peut douter que les banques européennes soient encore suffisamment crédibles pour emprunter sur les marchés, dès la première rumeur de faillite ce seront les États qui seront appelés à la rescousse afin de les refinancer. Ça tombe bien puisque ces mêmes États viennent d’infliger à leurs populations des mesures d’austérité drastiques pour conserver une note honorable auprès des agences de notation, de manière à pouvoir continuer d’emprunter.
La Suisse, elle, s’attend à une chute dramatique de l’euro. Dans un moment d’intimité avec le Conseil fédéral [gouvernement helvète, NDLR], Philipp Hildebrand, le président de la direction générale de la Banque nationale suisse (BNS), aurait évoqué le risque d’un euro à 50 centimes suisses [il est aujourd’hui à 1,25 franc suisse, NDLR], selon les hebdomadaires suisses alémaniquesWeltwoche et SonntagsZeitung (3). Ces propos ne sont confirmés par personne, mais ils ne sont pas démentis non plus. Ni par la BNS, ni par le gouvernement.
Difficile de se souhaiter une bonne année quand celle qui s’achève promet que la suivante ne pourra être que plus catastrophique encore.
Cependant notre rôle reste, dans un présent écrasé par la probabilité du pire, d’étudier les diverses possibilités qui n’en demeurent pas moins ouvertes. Environ 500 ans avant notre ère, dans le premier traité de stratégie connu au monde, Sun Tzu écrivait : « Si vous êtes dans un lieu de mort, cherchez l’occasion de combattre. J’appelle lieu de mort ces sortes d’endroits où l’on n’a aucune ressource, où l’on dépérit insensiblement par l’intempérie de l’air, où les provisions se consument peu à peu sans espérance d’en pouvoir faire de nouvelles, où les maladies semblent devoir bientôt y faire de grands ravages. Si vous vous trouvez dans de telles circonstances, hâtez-vous de livrer le combat ! » (4)
Clovis CASADUE

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