Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on a peu entendu parler en France de ce documentaire du réalisateur israélien Yoav Shamir, intitulé Defamation, du nom de la puissante Anti-Defamation League américaine. Il a pourtant été récompensé en novembre dernier au Québec, d’où provient l’article ci-après :
Alternatives remet le Prix Camera au poing au film DEFAMATION dans le cadre de la 12e édition des RIDM
« C’est devant une salle comble que s’est effectué samedi le 21 novembre le dévoilement des prix de cette très réussie édition 2009 des Rencontres internationales du documentaire de Montréal. Pour la première fois, Alternatives s’était associé au festival, notamment à la section Caméra au poing , qui donne la parole aux militants de toutes les causes, à ceux et celles qui portent le changement.
Cette année, le jury composé de Josée Legault, politologue et chroniqueure à The Gazette et à VOIR, d’Erica Pomerance, fondatrice et coordonnatrice de Initiative Taling Dialo, et de John Walker, un des cinéastes documentaires les plus reconnus au Canada, a choisi de primer le film DEFAMATION de Yoav Shamir.
Diffamation prend à revers l’héritage de l’histoire des Israéliens. Yoav Shamir s’invite auprès d’Abraham Foxman, le président de l’ADL, l’Anti Defamation League, pour réaliser un film sur ce qu’est aujourd’hui l’antisémitisme. Or il apparaît bien vite que l’idée reçue n’est peut-être pas là où on l’attendait. L’ADL ne fonctionnerait pas sans l’antisémitisme et il se pourrait bien qu’elle tire un certain profit du phénomène, voire l’exagère parfois.
En ironiste doué, Yoav Shamir brocarde les positions victimaires de toutes sortes, mettant malicieusement en scène les disputes ancestrales qui consistent à savoir qui des Noirs ou des Juifs ont le plus souffert, montrant comment l’ADL utilise à des fins stratégiques la vision conspirationniste d’une communauté juive qui dirigerait le monde...
L’omniprésence du passé – entendons particulièrement ici la Shoah – produit des effets collatéraux, une certaine paranoïa qui se retourne contre les Israéliens. À travers ses rencontres et un voyage avec des adolescents en Pologne organisé par le gouvernement israélien, Shamir se fait l’écho de ceux pour qui ce passé est devenu une exploitation. Tout au long de leur voyage, les jeunes subissent un véritable lavage de cerveau, et en ressortent persuadés qu’ils sont une cible potentielle pour la plupart des pays du monde. Des « éducateurs » se chargeant de bien mettre dans la tête des adolescents que la Pologne est un danger pour les juifs, que les néo-nazis s’y promènent et que d’une manière générale, une bonne partie du monde est antisémite !
Il interroge aussi l’historien Norman Finkelstein, fils de survivants du ghetto de Varsovie et auteur d’un livre polémique “L’industrie de l’Holocauste”, qui dénonce une instrumentalisation de la Shoah par les organisations juives américaines. L’antisémitisme est-il un fléau endémique qui, aujourd’hui comme hier, peut mener insidieusement « du mot raciste au génocide » comme le dit l’ADL ? Peut-on préserver la mémoire de l’Holocauste sans entretenir dans la communauté juive un sentiment de victimisation, une certaine paranoïa, voire une insensibilité aux souffrances de l’autre ? Ou de façon plus importante encore, peut-on critiquer la politique d’Israël vis-à-vis des Palestiniens sans être traité d’antisémite par de puissants lobbies de droite ? »
Michel LAMBERT
Defamation, sous-titré FR, partie 1
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Polémia
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