samedi 3 juillet 2010

La maturité moderne: créer plus, consommer moins

Qu’est ce qui fait qu’un homme atteint la maturité? Dans les temps plus reculés, la réponse à cette question était simple : l’homme se mariait, il avait des enfants et un travail pour faire vivre sa famille. Aujourd’hui cela ne semble plus aussi évident alors que ces valeurs sont de plus en plus battues en brèche même si ces vieilles recettes sont encore les plus simples pour devenir un homme. Avec l’absence de ces marqueurs de maturité, il est de plus en plus fréquent de faire la rencontre de grands enfants qui ont depuis longtemps le droit de vote. Ainsi devrait-on réfléchir à une définition moderne de la maturité pour l’homme. On peut la résumer ainsi : créer plus, consommer moins.
Les enfants sont des consommateurs. Depuis tout petits, ils consomment passivement ce que leurs parents leurs apportent. Ils vivent sous leur toit, mange leur nourriture, utilisent leurs objets. Leur temps libre est utilisé pour s’amuser. Ainsi, ils n’ont qu’un impact limité sur le monde qui les entoure, ils sont dépendants.
Le problème est que bon nombre d’hommes grandissent en conservant ce rôle passif. Au lieu de créer, ils continuent de consommer. Ils ne dépendent plus de leurs parents mais leur bonheur dépend des objets qu’ils s’achètent sans cesse. Des vêtements aux films en passant par les jeux vidéo, les voitures, les fêtes, les voyages, tout y passe pour prétendre à un bonheur égoïste d’enfant. Cela devrait être la différence entre un homme et un enfant, l’homme devrait vivre pour une destinée plus haute. Les enfants se trouvent dans ce qu’ils achètent, les hommes dans ce qu’ils font. Les enfants basent leur identité sur ce qu’ils consomment, les hommes forgent leur identité sur ce qu’ils créent. L’échec des hommes à faire la transition entre le fait d’être un consommateur au lieu d’un producteur ou un créateur a un profond impact sur la masculinité.
Un homme véritable devrait être le capitaine de son propre destin et être en contrôle de sa vie. Le consumérisme est une fausse alternative à ce désir. Il offre un simulacre de liberté et une facilité d’accès. La consommation, être capable de choisir entre de nombreux produits et services, est présentée comme la véritable liberté mais ce n’est qu’une illusion. La force du consumérisme est que quelqu’un a décidé avant l’acheteur des différents choix qui s’offriront à lui. C’est donc une liberté surveillée. Dans ce débordement de choix, ce simulacre de libre arbitre, on ne vit en fait que dans des limites décidées par un autre.
De manière innée l’homme a le désir d’être un créateur, de changer son univers, de sculpter le bois, de jardiner, d’écrire ou de laisser sa trace. C’est bien le dénie le plus complet de la masculinité qui touche aujourd’hui les hommes modernes, ils abandonnent le désir de créer. On apprend désormais aux jeunes gens que, passé 30 ans, ils seront comme mort car ils ne pourront plus vivre de manière égoïste mais bien pour les autres, en particulier leur famille. Le paradoxe est que la véritable mort est bien celle proposée à petit feu par le consumérisme. C’est une succession de petits plaisirs qu’il faut sans arrêt renouveler car ils ne durent pas. Ils sont comme une drogue, il faut en augmenter la dose pour ne pas se lasser. C’est l’inverse avec la création, cette dernière dure et satisfait en profondeur l’homme.
Le consumérisme a aussi attaqué des aspects essentiels de la masculinité qui sont la discipline et l’engagement. Si consommer c’est faire un choix, ce dernier n’est jamais un engagement. À chaque instant, on peut changer d’avis comme de chemise comme le dit si bien l’expression. Pourtant cette habitude est catastrophique quand il ne s’agit plus de chemise. D’autre part, la consommation détourne l’homme de ce qui est réellement important. Le consumérisme engage l’homme dans un cycle achat-désaffection-désir qui se répète à l’infini. Tout est simple puisqu’il suffit de se le procurer sans réel effort. Le désir de l’objet, si facilement satisfait, nous fait oublier que l’on peut s’améliorer, travailler sur nos vertus, nos forces et essayer de s’élever.
On attaque souvent les jeux vidéo qui empêchent les hommes de grandir. Des jeux occasionnels ne font peut-être pas de mal. Le problème est qu’avant les hommes étaient des soldats, maintenant ils prétendent en être. Ils étaient sportifs, maintenant ils contrôlent des personnages, ils jouaient de la musique, ils ont maintenant des guitares à touches en plastique. Ils créaient maintenant ils consomment. Créer est certes plus dur. Les cordes d’une guitare blessent les doigts. Pourtant l’effort est salutaire. Le travail transforme le monde et transforme le créateur. L’acte de créer fonde l’homme, il raffine sa sensibilité, lui donne de la force, construit son caractère. La consommation à l’inverse est passive, elle cultive l’indifférence.
La création peut prendre de nombreuses formes. Les plus classiques demeurent les meilleures : créer un travail, une vie basée sur l’amour d’une épouse et d’amis, créer des enfants élevés eux-mêmes dans loin du consumérisme. Pourtant il y aussi d’autres façon de créer : servir sa communauté, créer des objets, de l’art, écrire ou inventer, faire de la politique, mener une vie spirituelle ou travailler de ses mains. Vieillir, être un homme, ne veut pas dire porter une veste grise et une cravate, cela veut dire prendre un rôle actif dans le monde, faire une différence et créer le monde au lieu de le consommer.
 
JesusFranco
 
ZENTROPA
 

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