lundi 30 août 2010

Techniques d’interrogatoire (fiche pratique #1)

Alors que la rentrée annonce un chaos social et que la répression policière ne cesse de s’accroitre (plus de 800′000 gardes à vue en France en 2009), il nous apparait utile, sinon même urgent, de publier une série de fiches pratiques dédiées aux méthodes policières. Celle que nous présentons aujourd’hui concerne les principales techniques d’interrogatoire, issues d’un manuel récapitulatif lié aux « cours pratiques » d’un corps de police européen, dont nous nous sommes procuré un exemplaire.

Nul doute que, dans un proche avenir, tout individu qui contestera l’organisation sociale ou politique de son pays, et, d’avantage encore, tout groupe d’individus contraint de se déclarer dans cette catégorie sera soumis au contrôle permanent des services policiers. L’objectif des fiches que nous publierons, allant des techniques de filature aux opérations d’infiltration, est de permettre de comprendre et déjouer l’arsenal répressif mis en place par un pouvoir politique de plus en plus autoritaire, qui considère chaque citoyen comme un ennemi potentiel.
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1.) L’argumentation logique
Dans le cas où la preuve de la culpabilité du suspect a été apportée, l’enquêteur peut choisir de faire appel à ses capacités de rationalisation. Le but recherché en adoptant une pareille attitude est de présenter au suspect un certain nombre de raison purement logique pour lui faire comprendre qu’il est de son propre intérêt de fournir d’avantage d’information, et que seule la conduite raisonnable qu’il puisse désormais adopter consiste à coopérer avec la police. L’enquêteur doit lui tenir ce discours en présentant les choses sur le ton d’une affaire qu’on traite et afficher un comportement qui exprime l’assurance et la volonté de mener les choses rondement. Il doit faire de façon neutre l’exposé de la situation actuelle du suspect et faire comprendre à celui-ci que l’affaire va maintenant évoluer de façon automatique, impersonnelle, en fonction de l’attitude qu’il va décider d’adopter. Il s’agit bien sur de laisser entendre au suspect qu’il bénéficiera de mesures d’indulgence et qu’il pourra « s’en tirer » plus aisément s’il se monte coopératif.
2.) La compréhension
Si l’enquêteur estime que le suspect ne se montrera pas indifférent à une témoignage de compréhension, il peut décider de faire jouer cette corde sensible. L’interrogatoire sera alors conduit en douceur et laissera place à des expressions de sympathie et de commisération pour le sujet qui s’est placé dans une situation semblable. L’enquêteur fera vibrer davantage encore cette corde sensible s’il évoque tout ce qui peut toucher l’affectivité du suspect : sa femme, ses parents, sa religion, sa carrière, sa santé, etc. Tandis qu’il parle au suspect, l’enquêteur doit de préférence s’assoir près de lui, voir lui témoigner à l’occasion des marques de compassion en posant sur lui ma main de façon amicale. Ce comportement à pour objet de faire naître chez le suspect des sentiments de culpabilité et d’apitoiement sur soi-même, et l’amener à rejeter sur les autres la responsabilité de ses ennuis. Ces témoignages de sympathies manifestés par l’enquêteur incitent bien souvent un suspect à se décharger de ses sentiments de culpabilité en apportant sa contribution à la suite de l’enquête.
3.) L’agressivité
La manière agressive consiste essentiellement pour l’enquêteur en l’adoption d’une attitude lourde de menaces, laquelle donne l’impression au suspect que celui qui l’interroge nourrit contre lui une solide animosité et doit prendre sur lui-même pour se retenir de le frapper. De nos jours, il est relativement mal aisé de décrire ce mode d’interrogatoire hérité du fameux « troisième degré » sans encourir le risque de tomber sur le coup d’une infraction aux droits civiques du suspect, raison pour laquelle ce manuel résumé restera évasif sur le sujet. L’observation de cette attitude d’agressivité peut s’intégrer dans une stratégie globale d’interrogatoire, quand les deux enquêteurs affichent un des comportements diamétralement opposés. Dans les cas semblables, celui des deux enquêteurs qui par son attitude fait ressentir de la peur au suspect peut amener ce dernier à se montrer plus coopératif avec l’autre enquêteur, celui qui se montre le plus compréhensif et le plus gentil.
4.) L’indifférence
Une variante de la conduite d’agressivité consiste pour celui qui interroge à témoigner au suspect une totale indifférence. En l’occurrence, l’attitude de l’enquêteur peut laisser croire au sujet que sa coopération ultérieure n’est nullement souhaitable, mais au fur et à mesure que l’interrogatoire progresse, cette éventualité doit cependant se faire jour. L’enquêteur doit donner à celui qu’il questionne l’impression que, pour sa part, il préfère le voir sévèrement condamné pour le délit qu’il a commis plutôt que de tenir compte de sa collaboration que celui-ci pourrait éventuellement apporter au déroulement de l’enquête. Là encore, cette tactique reposant sur l’indifférence qu’exploite l’un des deux enquêteurs peut-être juxtaposée à l’attitude diamétralement opposée affichée par son collègue.
5.) « Sauver la face »
Cette tactique consiste pour le policier chargé de l’interrogatoire à fournir au suspect une « échappatoire » psychologique qui lui permettra de se justifier d’avoir pris part à un délit. Pour cela, l’enquêteur doit faire comprendre, mais sans jamais le formuler explicitement, qu’une prise en compte attentive des raisons qui ont poussé le suspect à agir comme il l’a fait risque d’atténuer la part de responsabilité qu’il a prise dans l’activité délictueuse. En essayant systématiquement d’expliquer les conduites qui ont été celles du suspect jusqu’au moment où il a enfreint la loi, et en faisant de ces conduites les conséquences naturelles de difficultés ou d’ennuis personnels, l’enquêteur tente ainsi d’amener celui qu’il interroge à parler de l’infraction elle-même. Quelques remarques occasionnelles bien placées au cours de l’interrogatoire ont souvent pour effet de diminuer aux yeux du suspect la part de responsabilité qu’il aura prise dans l’affaire.
6.) Flatter la vanité
Ici l’enquêteur doit jouer sur l’orgueil, l’autocomplaisance du suspect en faisant allusion à l’intelligence requise pour mener à bien un interrogatoire tout en faisant semblant d’être impressionné par le montage d’une telle opération. Il doit feindre d’afficher un certain respect pour un individu suffisamment astucieux pour assurer la réussite d’une entreprise aussi complexe qu’aventureuse. Cette attitude de flatterie amène parfois un suspect à se glorifier de ses activités illégales et à fournir des détails supplémentaires pour impressionner davantage encore l’enquêteur.
7.) L’exagération
A l’effet de faire parler un suspect peu enclin à coopérer, l’officier enquêteur peut délibérément exagérer les présomptions de culpabilité qui peuvent être reconnues contre lui. Il peut par exemple laisser entendre au suspect qu’il sait parfaitement que sa part de responsabilité est beaucoup plus importante qu’elle en à l’air, afin d’amener son interlocuteur à faire l’aveu de ses activités réelles dans le but de ne pas encourir une peine plus lourde.
Il existe bien sûr d’autres méthodes d’interrogatoire que celles que nous venons d’énumérer, qui sont également connues sous d’autres appellations. Ce ne sont là que les principales techniques utilisées aujourd’hui par les forces de police. Nous reviendrons prochainement sur le sujet avec une fiche pratique spéciale qui sera consacrée aux méthodes de coercition, de contrainte physique et psychologique utilisée dans les interrogatoires de police.

http://www.mecanopolis.org/

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