mercredi 18 août 2010

Tollé en Israël : une soldate a posé avec des détenus

Publiées lundi sur Facebook, les photos ont fait le tour des blogs avant d’être diffusées le soir par la télévision publique israélienne. L’armée y voit un comportement honteux. Mais pour d’autres, c’est la banalité de l’occupation militairte.


Les yeux bandés, les mains attachée, ce Palestinien a-t-il conscience qu’une soldate israélienne pose, souriante, à côté de lui ?  Cette photo, Eden Abargil l’a publié sur facebook. Dans un album intitulé « Armée- La meilleure période de ma vie ». Mal lui en a pris. Diffusée lundi soir par la télévision publique israélienne, elle à soulevé un tollé.
Immédiatement, l’armée s’est fendue d’un communiqué dénonçant « le comportement honteux » de la soldate (qui avait terminé son service militaire il y a un an). Le message est clair : la Grande Muette ne veut y voir qu’un cas isolé. Une malheureuse exception à la règle. C’est que l’image est dangereuse. Ne serait-ce parce qu’elle rappelle les photos de 2004 sur lesquelles posaient des militaires américains humiliant des détenus irakiens dans la prsion d’Abou Ghraïb.
La domination corrompt

« Cela reflète la mentalité de l’occupant, la fièrté d’humilié, accuse Ghassan Khatib, porte parole de l’Autorité palestinienne. Ces soldats sont presque des adolescents, ils se retrouvent  dans une position où ils peuvent dominer. Cela les corrompt. » Directeur du comité israélien  contre la torture, Yishaï Menuchim dénonce pour sa part « une norme consistant à traiter les palestiniens comme des objets et non comme des êtres humains ».
Eden Abargil, elle, proteste. « Je ne comprends pas ce que j’ai fait de mal. Il n’y a eu de ma part ni violence, ni mépris, affirmait-elle hier à la radio militaire. J’arrivais dans ma base, on était content, on voulait montrer des photos aux amis sur notre expérience dans l’armée. Je m’excuse auprès des gens qui se sentent blessés. Mais j’ai agi en toute innocence, de bonne foi. »
Yehuda Shaul, lui, s’étonne de l’émoi susité par ces simples photos. Pour le fondateur de l’ONG Breaking The Silence, qui recueille des témoignages de soldats, les militaires font bien pire dans leur quotidien. « Les recrues s’habituent à ne plus considérer les Palestiniens comme des égaux. On devient vite incapable de se mettre à leur place. Les gens croient qu’on peut occuper les territoires et en sortir indemne. C’est faux. Il nous est arrivé d’enfermer une famille à la cave…simplement pour pouvoir regarder un match à la télévision dans leur salon ! »

Andrés Allemand
La Tribune de Genève



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