vendredi 22 octobre 2010

Les inaperçus de la contestation

Nicolas Sarkozy avait sans doute bien raison lorsqu’il déclarait en 2008 : “Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit”.

Les syndicats et l’opposition se devaient donc de réagir. D’où l’idée du blocage des dépôts de carburant.

Il n’est pas certain toutefois que l’idée soit si judicieuse que cela. D’abord, parce qu’on touche là à la sacro-sainte vénération de beaucoup de Français pour l’automobile. Au grand dam des “écolos” tant obsédés par la criminalisation des conducteurs, ces derniers n’entendent guère se passer de celle-ci. D’où le vent de panique sur les stations services, alors même, comme l’assure le gouvernement, qu’il n’y a réellement aucun danger de pénurie dans notre pays. Ou plutôt “qu’il n’y en avait aucun”, justement. Les images qui tournent en boucle dans les medias des camarades-gueulards de la CGT et de FO empêchant de travailler ceux qui refusent la manipulation politique sur le carburant, ne sont pas du meilleur effet sur l’Opinion publique.

Vu le chômage endémique dans notre pays, la paupérisation des classes moyennes et la multiplication des emplois précaires, il en va de même de la menace du délégué CGT de PSA, Vincent Duse : “On a maintenant besoin de bloquer l’économie pour forcer le gouvernement à retirer son projet.”

Du pain plus-que-béni pour le gouvernement : François Fillon a évidemment repris la balle au bond en rétorquant aussitôt : “Le gouvernement français ne laissera pas les opposants à la réforme des retraites bloquer le pays, car cette méthode compromettrait la reprise économique.”

Cerise sur le gateau, la gauche s’est pris les pieds dans le tapis des manifestations en ouvrant les portes de l’école buissonnière aux lycéens. Les faire descendre dans la rue était certes plus odieux encore que grotesque, mais la chienlit n’a d’intérêt stratégique que si on la contrôle. Même cela, l’opposition de gauche n’en est plus capable.

Les lycéens, livrés à eux-même, enflammèrent davantage les poubelles sur leur passage que de soutien populaire. Nouvel effet désastreux, bien davantage que celui du lycéen de Montreuil – dans le “9 cube” comme on dit maintenant – blessé par un tir de flash-ball.

La plupart des parents responsables – c’est quand même la majorité – réfléchirent alors qu’il aurait été mieux en classe qu’à faire le pseudo-révolutionnaire boutonneux dans la rue… surtout avec les “casseurs” qui se mêlent de la partie. Ce n’est plus du pain-bénit pour le gouvernement, mais un véritable jack-pot politique !

La plupart des Français n’appréciaient guère la perspective de travailler davantage et était bien d’accord de râler, au moins pour la forme et fidèles en cela à leur réputation… Aujourd’hui, gageons qu’une majorité écrasante de nos compatriotes commence à trouver que la comédie n’a que trop durée.

Enfin, dans quatre jours, ce sont les vacances de la Toussaint. Et les vacances, c’est sacrée ! Pour les syndicalistes comme pour les lycéens !

Alors, on peut penser que pour Nicolas Sarkozy et François Fillon, cette énième nouvelle journée interprofessionnelle contre la réforme des retraites aujourd’hui, les syndicats et l’opposition peuvent bien se la mettre quelque part. C’est-à-dire entre Nation et République, comme d’habitude. Qui s’en apercevra ?

Philippe Randa


VOXNR

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