lundi 21 mars 2011

Contrer le vote utile

Contrer le vote utileLa performance de Marine Le Pen dans les récents sondages, s’ils sont le signe d’une dynamique réelle dans l’opinion publique, ne doit pas pour autant faire céder le camp patriotique à des excès de confiance. Elle ne doit surtout pas conduire le FN à commettre une erreur tactique tentante : droitiser démesurément son discours dans l’espoir de siphonner les voies de Sarkozy au Premier tour de l’élection pour maximiser le score au second tour face au candidat PS.

Au contraire, nous pensons, nous, patriotes sociaux et nationalistes révolutionnaires, que Marine doit conserver son atout majeur : la défense du modèle social français face à la mondialisation libérale. Cela pour deux raisons.

La première est que l’impact du FN chez l’électorat UMP se joue autant si ce n’est plus sur les questions identitaires que sur les questions socio-économiques. Par conséquent adoucir le discours social du Front n’aurait pas forcément un effet crucial sur un électorat UMP tout de même composé en grande partie des classes moyennes, et des classes populaires rurales, qui peuvent être séduites autant par la promesses d’une baisse d’impôt et par l’esprit du « travailler plus pour gagner plus » que par la défense du service publique en matière d’éducation, de santé, de transport, de services à la personne, etc. De surcroît, répétons-le, la migration de cet électorat vers le Front se joue d’abord sur les questions de la sécurité, de l’immigration, et de la corruption des élites. Autrement dit, sur l'anti-immigrationisme et sur le sentiment anti-élite mondialisé. Deux attitudes que le discours de Marine articule pour l’instant assez bien à la défense de l’Etat-Providence et au modèle social français.

La seconde c’est que le PS (comme la droite, d’ailleurs) dispose désormais d’un an pour ajuster ses positions tactiques et assurer sa qualification au second tour. Que cette qualification soit plus souhaitable que celle de Sarkozy pour maximiser le score du Front est une évidence. Pour autant, un PS devant le Front par 5 ou 6 points dès le premier tour engagerait le premier sur une dynamique de victoire incontestée sur le thème d’une France forte face à la menace « fasciste », comme le fut en somme l’élection de Chirac en 2002. Une victoire écrasante du PS, au second comme au premier tour, entérinerait une fois de plus l’insurmontable marginalité du FN, incarnation d’un vote ras-le-bol et impasse pour la démocratie. Le Front rendrait l’UMP exsangue pour le compte du PS, en propulsant ce dernier au pouvoir pour 5, 10 ans ou plus. Bref, l’inverse de la démarche. Si le PS gagne, il ne doit pas triompher. Si le FN perd au second tour, il doit rester une alternative désormais crédible.

Partons donc d’une hypothèse simple, plus le score du FN sera haut au premier tour, plus il sera haut au second s’il s’y qualifie. C’est ce qu’on appelle la dynamique électorale. La question pour Marine Le Pen est donc, comment empêcher au maximum le PS de fédérer au premier tour. Il nous apparaît, en tant que nationalistes révolutionnaires, indispensable de maintenir la pression de son discours social sur l’électorat de gauche.

En effet, doubler à gauche le PS sur les questions du creusement des inégalités économiques, sur la paupérisation des classes moyennes et sur la menace que le mondialisme fait peser sur le modèle social français aurait deux conséquences positives pour le Front :

1. Cela rendrait ces questions encore plus clivantes au sein du peuple de gauche, faisant apparaître des lignes de divergences profondes entre le PS et la « gauche de la gauche » sur des points essentiels de leur programme comme la justice sociale, soulignant ainsi l’élément de supercherie du « vote utile » (en quoi voter pour un libéral dès le premier tour est-il utile si je veux une gauche sociale ?).

2. Cela obligerait le PS à donner dans l’antifascisme et pour démarquer leur conception ouverte du social, de la République, lors des débats contre la candidate du Front, et pour faire du chantage vis-à-vis des électeurs tentés par le Front de Gauche ou l’extrême gauche. Or, cet antifascisme a perdu énormément en crédibilité depuis 2002 et surtout l’avènement de Marine Le Pen et les critiques que lui ont adressé des personnalités comme Zemmour, E. Levy, ou Finkielkraut.

3. Enfin, la solidarité du « peuple de gauche » avec leurs candidats a beaucoup baissé en 30 ans. Les enquêtes portant sur la sociologie électorale ont montré que la décision de voter X ou Y s’est individualisée. En 81, le PCF avait appelé ses électeurs à voter Giscard au second tour, sans que la base ne suive. On était d’abord un homme de gauche, et un homme de gauche votait à gauche. Si aujourd’hui la donne a changé, alors le FN ne doit pas hésiter à partir à la conquête d’électeurs que le PS a énormément déçus depuis la fin du mitterrandisme et qui, depuis 1997, n'a pas remporté de grande victoire qui lui permette de compenser son affadissement doctrinal par de la performance électorale. Comme le reste des français, il en a de plus en plus assez qu’on le prenne pour un gentil gnou sommé de voter « utile », pour des candidats qui ne gagnent plus, ou qui quand ils gagnent, n’arrivent pas à amortir la brutalité du système capitaliste.

Pour toutes ces raisons, nous, nationalistes révolutionnaires et solidaristes du mouvement 3ème Voie, ferons ce qui est en notre pouvoir pour que Marine Le Pen consolide ses positions en faveur de l’Etat-Providence, de la justice sociale et de la lutte contre le système capitaliste global.

VoxNR

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