mardi 26 janvier 2010

Geert Wilders, à l’extrême droite de l’Oncle Sam


Le 20 janvier dernier, s’est ouvert à Amsterdam le procès du député Geert Wilders, chef du Parti pour la liberté. Une organisation politique qui, lors des élections européennes de 2009 en Hollande, est arrivée en deuxième position avec 17% des suffrages, talonnant la liste du Premier ministre Jan Peter Balkenende.

Que reproche-t-on au juste à cet homme ? Rien d’autre qu’un délit d’opinion, soit « d’avoir insulté les musulmans dans leur ensemble » et « d’avoir incité à la discrimination et à la haine contre des personnes en raison de leur race ou de leur religion ». En clair, dans le film Fitna, qu’il a réalisé, ainsi que dans divers entretiens, Geert Wilders a comparé le Coran à Mein Kampf, décrit l'islam comme « fasciste », prôné la fermeture des frontières des Pays-Bas à tout musulman, réclamé une amende pour les musulmanes portant le foulard et demandé l'interdiction de la burqa et des minarets. À l’aune de ces accusation, on constatera que beaucoup d’islamophobes français de gauche pourraient se retrouver devant les tribunaux de la République !

La liberté d’expression ne se divisant pas, affirmons tout d’abord clairement que ce procès est à nos yeux un scandale et que toutes les opinions, même les plus contestables, devraient pouvoir librement s’exprimer.

Cela étant dit, il n’est pas inutile de se pencher sur la personnalité de Geert Wilders et de savoir qui sont ses amis, afin de comprendre les raisons de l’engagement d’un homme qui appartient très clairement au camp de nos ennemis. Pour ce faire, on dispose d’un excellent outil : une récente chronique de Daniel Pipes, un théoricien néo-con yankee, intitulée « Why I Stand with Geert Wilders ? ». Dans celle-ci, Pipes, qui a été de 2000 à 2004 un des conseillers de George Bush en matière de politique proche-orientale – il s’était alors illustré par son activisme médiatique anti-musulman, anti-palestinien et anti-iranien, ainsi que par son appui à la guerre d’agression contre l’Irak et son soutien sans faille à l’État israélien – avoue une chose fort intéressante : le think tank qu’il préside – le Middle East Forum – contribue financièrement très largement à la défense de l’homme politique hollandais.

Pourquoi cela ? Tout simplement parce que, pour Daniel Pipes, Geert Wilders « est, aujourd'hui , l'Européen le plus important, (…) le mieux placé pour faire face au défi islamique auquel le continent est confronté. Il a les qualités nécessaires pour devenir une figure historique mondiale ». Bigre ! me direz-vous… Mais ce n’est pas tout, pour Pipes, si Wilders « est le leader incontesté de ces Européens qui souhaitent conserver leur identité historique », c’est que son parti diffère de la plupart des autres partis nationalistes d'Europe, les partis anti-immigrants traditionnels comme le Front national.

Daniel Pipes nous explique ensuite pourquoi le leader du Parti de la liberté est vus favorablement, aux États-Unis, par la droite républicaine : parce qu’il « est ultra libéral, qu’il est dépourvu de liens historiques avec l’extrême droite, ainsi qu’avec l'hostilité aux immigrants, l'antisionisme ou autres formes d'extrémisme. Wilders dit publiquement qu’il est l'émule de Ronald Reagan ». Et d’enfoncer le clou : « Ce qui montre bien cette modération, c'est l'attachement, depuis longtemps, de Geert Wilders pour Israël , et cela comprend deux années de résidence dans l'État juif, des dizaines de visites et un engagement en faveur du transfert de l'ambassade des Pays-Bas à Jérusalem. » De plus, notre néo-con insiste sur le fait que si Geert Wilders est hostile à l’islam il ne l’est nullement vis-à-vis de l’immigration. Pourquoi cela ? Tout simplement parce qu’il estime, en bon libéral, que l’immigration à un intérêt économique, alors que la religion musulmane a le désavantage de véhiculer des normes réactionnaires parmi lesquelles il met l’accent sur l’hostilité au système bancaire traditionnel, au féminisme, aux homosexuels, et ... à l’État d’Israël.

On se rends compte, sans mal, que Daniel Pipes désigne aussi, en creux, les mauvais populistes européens : ceux qui sont anti-libéraux, ceux qui affirment que le problème central n’est pas l’islam mais l’immigration, ceux qui estiment que la justice doit régner dans les relations internationales et que l’Europe n’a pas à s’aligner de manière systématique sur les États-Unis.

Pour en revenir au procès qui débute, divers observateurs soulignent qu'étant donné qu’il est parti pour durer plusieurs mois, Geert Wilders se voit, en fait, offrir une intéressante tribune médiatique avant les élections législatives qui auront lieu l’an prochain… Certain, comme Bert Wagendorp, chroniqueur du quotidien De Volkskrant, vont même jusqu’à dénoncer une manipulation occulte de la justice afin de faire du Parti de la liberté un allié incontournable de toute coalition gouvernementale. L’avantage serait alors double. Tout d’abord, la droite néo-con de Washington et de Tel-Aviv auraient ainsi un allié de poids au sein du gouvernement hollandais. Ensuite, la nomination de Wilders ou d’un de ses adjoints à un ministère serait un coup de tonnerre pour toute l’Oumma et nuirait, une fois de plus, à ses bonnes relations avec l’Europe, là encore au plus grand bénéfice des faucons des USA et d’Israël.

Voxnr.com

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