Une cause plus essentielle encore de l'absurdité de l'existence moderne, c'est naturellement l'augmentation effrénée et croissante de la population, qui va de pair avec le régime des masses et se trouve favorisée par la démocratie, les « conquêtes de la science » et un système d'assistance non différenciée. La pandémie, ou démonie procréatrice, est effectivement la force principale qui alimente sans cesse et soutient tout le système de l'économie moderne, avec son engrenage dans lequel se trouve pris, de plus en plus, l'individu.
On a là, entre autres, une preuve évidente du caractère dérisoire des rêves de puissance que nourrit l'homme d'aujourd'hui: ce créateur de machines, ce maître de la nature, cet initiateur de l'ère atomique, se situe presque au même niveau que l'animal ou le sauvage pour ce qui concerne le sexe : il est incapable de mettre le moindre frein aux formes les plus primitives de l'impulsion sexuelle et à ce qui s'y rattache. Ainsi, comme s'il obéissait à un aveugle destin, il augmente sans cesse, et sans avoir conscience de sa responsabilité, l'informe masse humaine et fournit la plus importante des forces motrices à tout le système de la vie économique paroxystique, artificielle, toujours plus conditionnée, de la société moderne, créant en même temps d'innombrables foyers d'instabilité et de tension sociale et internationale. Le cercle se referme donc d'un autre point de vue aussi : les masses, potentiel de main-d'œuvre excédentaire, alimentent la surproduction qui, à son tour, cherche des marchés toujours plus larges et des masses toujours plus grandes pour leur faire absorber ses produits. Il ne faut pas négliger non plus le fait que l'indice de l'accroissement démographique est d'autant plus élevé que l'on descend plus bas dans l'échelle sociale, ce qui constitue un facteur supplémentaire de régression.
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